Les patineurs de vitesse Kalyna Roberge et Olivier Jean ont confirmé leur qualification pour les Jeux olympiques de Vancouver en s'imposant au 1000 mètres, samedi dernier. Soulagés, les deux leaders des sélections de courte piste ont ensuite triomphé au 1500 mètres, en soirée. Ils respirent donc beaucoup mieux. Ce n'est pas le cas de leurs coéquipiers, qui se battront pour les derniers postes disponibles, aujourd'hui et demain. Qui contrôlera le mieux ses émotions?

Olivier Jean jasait gaiement en récupérant sur un vélo stationnaire, samedi soir, à l'ombre des gradins du Pacific Coliseum de Vancouver.

Hilares, deux journalistes locaux apprenaient à connaître ce grand patineur un peu excentrique. L'athlète de 25 ans défilait sa sélection de films appelés à le motiver durant ses temps libres (Rambo, Bruce Lee, Steven Seagal...). Parlait de ses longs dreads qu'il laisse pousser depuis l'âge de 16 ans. Devisait sur sa savante rotation de t-shirts en compétition.

Pour aujourd'hui, avant-dernier jour des sélections olympiques, Jean hésitait encore entre un t-shirt de Bruce Lee et d'Hailé Sélassié 1er, le dieu incarné du mouvement rasta. Plus tôt, ce fut Rambo et Flash, le super-héros le plus rapide, lui a certifié un vendeur de BD du centre-ville. Samedi, le viril visage de Chuck Norris ornait son t-shirt noir, avec l'inscription: «Walk and kill».

«C'est ce que je fais: je marche toujours lentement et je relaxe. Et quand je suis sur la glace, je suis là pour tuer...» a expliqué Jean, sourire en coin.

Resté détendu et s'amuser: voilà le mantra que l'athlète de Lachenaie cherche à appliquer depuis le début des sélections. Or, malgré ses succès avec quatre victoires en six épreuves, Jean a expérimenté la plus déstabilisante des montagnes russes émotives à l'issue du 1000 mètres, samedi après-midi.

Persuadé qu'il avait perdu la course au profit de François Hamelin, il a piqué une violente crise, dégoûté de la façon dont il avait couru. Pendant ce temps, Hamelin exultait, croyant avoir gagné sa première finale.

Mais cinq minutes plus tard, l'annonceur-maison a rétabli les faits. La photo-finish avait démontré qu'un effort ultime de Jean lui avait permis de devancer son rival par trois millièmes de seconde.

Coup dur pour Hamelin, qui, quelques heures plus tard, était éliminé sur une bête chute en première ronde du 1500 mètres. Deuxième du classement cumulatif général, il pourra néanmoins se reprendre lors des trois dernières courses, aujourd'hui et demain.

De son côté, Jean a dû éprouver sa propre recette et retrouver sa concentration pour le 1500 mètres. D'un côté, il venait d'être témoin de l'immense déception de son ami Hamelin. De l'autre, le cellulaire se mettait à sonner, avec parents et amis voulant le féliciter. Il a rapidement été extirpé de ce brouhaha par son préparateur mental Pierre Beauchamp, avec qui il travaille étroitement.

«Le but était de ne pas être excité après le 1000 mètres. De revenir fort et refocaliser», a expliqué Jean, qui participera à ses premiers Jeux.

Commencée il y a déjà plus d'une semaine, les sélections olympiques de Vancouver, présentées dans une ambiance feutrée devant à peine 100 spectateurs, sont expressément longues. Entraîneurs et dirigeants voulaient mesurer la capacité des patineurs à garder leur calme jusqu'à la fin.

«Le format vérifie quels athlètes sont capables de composer avec les 20 heures sur 24 où ils ne sont pas à l'aréna, a ajouté Jean. C'est ça, les Jeux olympiques. C'est long. Il va y avoir du monde saoul content d'avoir gagné des médailles, des distractions, du McDo à l'infini, des jeux vidéo. Plein de trucs qui peuvent te faire sortie de ta zone.»

Dans son cas, la leçon semble déjà bien assimilée.

Kalyna et les autres

C'est maintenant entendu, Kalyna Roberge est la meilleure patineuse de vitesse sur courte piste au Canada. Débarrassée d'un souci à une hanche qui a entaché sa dernière saison, l'athlète de 22 ans a remporté quatre finales sur six à Vancouver.

Déjà gagnante au 1000 mètres, elle complétera ses sélections dès aujourd'hui avec l'objectif de consolider sa position aux 500 et 1500 mètres. «Je suis vraiment contente. J'ai senti que j'étais peut-être un peu moins fatiguée par rapport aux autres», a confié l'ancienne championne du monde au 500 mètres.

Compte tenu du choix discrétionnaire laissé au comité de sélection, il reste trois postes à l'enjeu d'ici à demain. Les candidates restent nombreuses: Valérie Maltais, Tania Vicent, Jessica Gregg, Marianne St-Gelais, Amanda Overland et Marie-Ève Drolet sont toutes dans la lutte. Faites votre choix.

Première au cumulatif du 1500 mètres, Maltais, 19 ans, a retrouvé de l'énergie après une première semaine où le sommeil a été dur à trouver. «Inconsciemment, je pensais peut-être un peu trop aux sélections, a admis l'athlète de La Baie. Mais là, je me suis reposée et je me sens mieux.»