Même lorsque Patrick Chan est au sommet de sa forme physique, il lui arrive de perdre sa concentration.

«Habituellement, lorsque j'offre une bonne performance, j'ignore pourquoi ça s'est produit, a déclaré Chan dernièrement. Je ne suis pas capable de mettre le doigt dessus, ni d'identifier la cause de mes succès.»

En conséquence, pour la première fois de sa carrière sportive, le triple champion du monde de patinage artistique focalise son attention sur l'aspect mental d'une compétition. Pour y parvenir, il a notamment embauché le Dr Scott Goldman, un psychologue sportif de l'Université du Michigan.

Ceci fait partie de la nouvelle approche du patineur âgé de 26 ans, alors qu'il tente de participer aux Jeux olympiques pour la dernière fois de sa carrière l'an prochain à Pyeongchang, en Corée du Sud.

Il mettra son plan à exécution cette semaine lors du Championnat des quatre continents en Corée du Sud, une épreuve-test pour les JO de 2018.

Chan a triomphé au Championnat des quatre continents à trois reprises, dont l'an dernier à Taïwan où il est passé de la cinquième place après le programme court à la plus haute marche du podium.

La compétition risque d'être relevée avec la présence de la jeune sensation Nathan Chen, qui a réussi cinq quadruples sauts dans son programme long pour devenir champion américain, et du champion olympique japonais Yuzuru Hanyu.

Chan a mis l'emphase sur sa préparation physique depuis qu'il a effectué un retour à la compétition après une pause d'un  an, faisant notamment passer le nombre de sauts quadruples dans son programme libre à trois. Mais la constance a fait cruellement défaut, et il croit que sa préparation mentale est en cause. Il a chuté à trois reprises lors de son programme long à la finale du Grand Prix de patinage artistique, dégringolant de la deuxième à la cinquième place. Pendant la pause entre la période d'échauffement et la compétition, ses nerfs ont craqué.

«Nous avons tous nos solutions, nos trucs, ou peut-être nos façons de faire abstraction de nos problèmes. Et c'est ça mon objectif, d'être en mesure de faire face aux défis psychologiques, aux défis physiques, a expliqué Chan. Nous ne serions pas à ce niveau-ci si nous n'étions pas capables de relever ces défis physiques, mais pour atteindre le sommet, il faut aussi que notre tête suive la parade.»

Chan a mis sa nouvelle approche avec Goldman en pratique lors des Championnats canadiens le mois dernier, et il a décroché un neuvième titre national senior. Après l'échauffement, il a délassé ses patins et trouvé une table sur laquelle il s'est couché.

«Je me suis couché sur la table et j'ai simplement fait des exercices de respiration, et de visualisation», a évoqué Chan.

Le patineur lit également un livre - The Rise of Superman, de Steven Kotler - qui explore l'état mental des athlètes de pointe, et leur capacité à se placer dans un état de «bien-être» (ce que certains appellent «la zone»).

Chan pourra mettre en pratique ses nouveaux acquis lors du Championnat des quatre continents - l'Amérique, l'Asie, l'Afrique et l'Océanie -, la dernière compétition avant les Championnats du monde qui auront lieu à la fin mars à Helsinki, en Finlande.

La compétition se mettra en branle avec les programmes courts en danse, en couple et chez les dames jeudi. Chan présentera son programme court vendredi, et le libre dimanche.