Cynthia Phaneuf n'avait que 15 ans en 2004 quand elle a remporté les Championnats canadiens de patinage artistique à Edmonton. Elle a enchaîné avec une saison remarquable, ponctuée par une victoire à la compétition Skate Canada à Halifax.

On la croyait partie pour une carrière exceptionnelle, mais les blessures s'en sont mêlées, les nerfs aussi, et il a fallu patienter jusqu'en 2011 pour la voir reprendre son titre national à force de persévérance.

Mercredi, près de 10 ans après ses débuts chez les seniors, c'est avec beaucoup de sérénité que Cynthia a confirmé sa retraite en conférence de presse, en présence de sa famille, de ses proches et de ses amis du patinage artistique. Phaneuf avait pris une décision audacieuse, l'année dernière, en quittant son entraîneuse de longue date, Annie Barabée, pour rejoindre Brian Orser à Toronto. Elle rêvait de vivre encore l'expérience olympique, à Sotchi en 2014, mais l'état de son dos l'a obligée à en décider autrement.

«Ma dernière saison a été difficile avec cette blessure au dos, qui a été difficile à diagnostiquer. Déjà, au milieu de la saison, j'ai voulu passer un examen, mais cela n'a pas été possible et j'ai enduré la douleur jusqu'au printemps quand on a diagnostiqué une fracture de stress.

«Cette blessure m'a forcée à revenir au Québec et à réfléchir à mon avenir. Je me suis isolée pendant quelques jours et j'ai tenté d'écrire ce que j'avais envie d'accomplir encore dans ma carrière de patineuse. La page est restée blanche... L'étincelle n'y était plus.

«Je n'avais pas envie de repartir à Toronto et de retourner sur la glace pour reprendre l'entraînement. Je veux passer à autre chose, relever de nouveaux défis, et plusieurs possibilités s'offrent à moi. Je vais les étudier et prendre mon temps pour décider de mon avenir.»

Une famille extraordinaire

Cynthia n'a paru émotive que lorsqu'elle a rappelé ses débuts. «Je me souviens que mon père a dû prendre trois emplois en même temps pour me permettre de patiner dans les meilleures conditions, a-t-elle confié, la voix tremblante. J'ai eu la chance d'être entourée par une famille extraordinaire, par des entraîneurs exceptionnels et je suis fière de ce que j'ai accompli au cours de ma carrière.»

Elle veut encore s'impliquer dans le patinage. «J'aimerais partager mon expérience avec les plus jeunes, a-t-elle expliqué. Ce sport m'a beaucoup apporté, aussi bien dans les bons moments que dans les moins bons. Il m'a permis de devenir la femme que je suis aujourd'hui.»

Sa retraite laisse évidemment un vide dans l'équipe canadienne, comme l'a reconnu Benoît Lavoie, le président de Patinage Canada. «Sa place pour la saison 2012-2013 sera laissée vacante, a-t-il indiqué. Pour l'instant, une seule de nos patineuses (Kaetlyn Osmond) a réussi les standards de l'ISU et Amélie Lacoste, la championne canadienne en titre, ne l'a pas encore fait. Cette catégorie est un peu notre maillon faible, mais nous avons une relève très prometteuse à moyen et à long terme.»

De quoi donner des idées de retour à Joannie Rochette...

«On ne sait jamais», a souligné Lavoie, une pointe d'espoir dans la voix.