À moins d'un tremblement de terre qui provoquerait une catastrophe dans le village des athlètes, Patrick Chan ne sera pas sur le podium. Selon les experts consultés en soirée, le jeune prodige d'Ottawa n'a tout simplement pas patiné à son niveau.

Il a fait un faux pas dans son jeu de pieds, il est sorti en déséquilibre de son triple Axel et comble de malchance, il a perdu un point en terminant une ou deux secondes après la musique. Il avait choisi de patiner sur un tango langoureux mais on ne l'a pas senti entrer à fond dans sa prestation. Sans doute le stress de se retrouver pour la première fois aux Jeux olympiques. Et devant une foule canadienne qui avait de très fortes attentes.

Confiné à la septième place après le programme court, à neuf points des trois premiers, il se trouve hors d'atteinte d'un podium.

Celui qui a cassé la baraque mardi soir au Pacific Coliseum, c'est le grand Russe Evgeni Plushenko qui aligne les quadruples comme s'il faisait de la danse à claquettes. En fait, à part une faiblesse dans son jeu de pieds où il se limite à des pas plus faciles, il a dominé plus que la glace, il a charmé tout l'édifice par sa grâce, son élégance et son aplomb.

Faut dire que Plushenko a de l'assurance, que c'est un numéro tout à fait spécial et que les journalistes russes qui couvraient la soirée, sourient quand ils parlent de lui. Les 7 Jours russes en ont pour leur argent avec lui.

Il avait pris sa retraite après avoir enduré de nombreuses blessures mais il est revenu à la compétition il y a deux ans pour protéger la réputation de la Russie sur la scène internationale du patinage artistique.

On savait que l'Américain Evan Lysacek était excellent. Mardi, dans son costume à plumes noir et noires, l'air d'une sorte de gigolo, il a offert une performance extraordinaire. Il s'est hissé au deuxième rang et se place à portée de Plushenko. Dans le programme long, Lysacek a la réputation de tenir le coup et de ne pas céder sous la pression. Tout comme Plushenko. L'empoignade entre le Russe et l'Américain risque d'être passionnante.

Mardi, ils se sont fait chauffer par le Japonais Daisuke Takahashi qui s'est hissé à quelques dixièmes de point de Plushenko et de Lysacek. Les trois sont dans le 90 points. C'est jouable même si les connaisseurs estiment que les leaders après le programme court commettent rarement des erreurs flagrantes sous pression.

Curieusement, c'est le Suisse Stéphane Lambiel qui a allumé le stade mardi soir. Il a eu droit à une ovation debout. Les simples amateurs ont été impressionnés par son sens du spectacle. Sauf qu'il s'est contenté d'un double Axel où on exigeait un triple, qu'il a eu un touché dans une combinaison et que ces points perdus ont pesé lourd dans le pointage.

Pour bien terminer la soirée, on a hué le pointage du Tchèque Michal Brezina qui aurait sans doute mérité mieux que 78.80.