Joannie Rochette rayonnait à la conférence de presse d'ouverture des Internationaux Patinage Canada d'Ottawa, hier matin. Alors que ses 15 coéquipiers portaient le coupe-vent officiel de l'équipe canadienne, la patineuse de l'île Dupas se distinguait dans sa blouse blanche, ses jeans et ses bottes à la mode. Sans oublier ce sourire naturel et avenant.

Sur la glace comme à l'extérieur, le charme opère. Ainsi, Elizabeth Manley, ambassadrice de la compétition qui s'ouvre aujourd'hui, n'a pu s'empêcher d'interrompre l'entrevue que Rochette donnait à La Presse. «Je t'adore, je t'adore, je suis ta plus grande fan!» lui a lancé la vice-championne des Jeux olympiques de Calgary.

Rochette lui a renvoyé la pareille avant de se rasseoir, un peu rouge. Lors de sa première rencontre avec Manley, avant les Jeux olympiques de Turin, elle avait bredouillé deux ou trois mots, trop gênée.

La Québécoise devra s'habituer à ce genre d'effusions. À 15 mois des Jeux d'hiver de Vancouver, plusieurs la voient succéder à Manley, dernière médaillée olympique canadienne en simple avec l'argent à Calgary en 1988.

À pareille date l'an dernier, Rochette se serait refusée à parler d'un podium sur la plus grande scène internationale. Plus maintenant. À l'aube de la dernière saison complète avant le rendez-vous olympique de Vancouver, la patineuse de 22 ans voit grand, à commencer par une médaille aux Championnats du monde de Los Angeles, fin mars.

«Je pense que je n'ai jamais dit que je visais ça, a relevé la quadruple championne canadienne hier. J'ai toujours été discrète au sujet de mes objectifs personnels. Je les gardais pour mon entraîneur. Mais avec ma cinquième place aux derniers Mondiaux, c'est un peu moins gênant d'affirmer des choses comme ça. C'est maintenant là que je suis rendue. C'est ça que je veux.»

Changement de cap

Après deux saisons à s'échiner sur les éléments techniques, dont la fameuse combinaison de triples sauts qu'elle maîtrise maintenant beaucoup mieux, Rochette a choisi, cette année, de s'attaquer à l'autre élément évalué par les juges, les composantes de programme. On parle ici des habiletés de patinage, de l'exécution, de l'interprétation et de la synchronisation, des ingrédients qui comptent pour près de 50 % de la note finale.

En clair, il s'agit de la portion «artistique» de l'ancien système de notation. Pour une raison qu'elle ne s'explique pas, Rochette a constaté l'an dernier que la moindre erreur technique se répercutait dans ses notes pour les composantes de programme. «On dirait qu'il fallait toujours que j'en fasse plus pour avoir les même notes», a-t-elle expliqué.

Après des années à travailler sa posture dans des cours de ballet, Rochette s'est également fait dire par des juges internationaux de se détendre davantage, de varier les positions du haut de son corps. Plus de ballet moderne, moins de ballet classique, résume la principale intéressée. «En compétition, peut-être à cause du stress, j'étais plus crispée», explique-t-elle.

En fait, les juges veulent voir la Joannie détendue, expressive et engageante de la tournée professionnelle Stars on Ice.

Il n'est donc pas innocent que le clan Rochette ait décidé de se tourner vers Shae-Lynn Bourne, ex-championne du monde en danse, pour concevoir la chorégraphie du programme court sur la musique de Summertime. Bourne et Rochette avaient travaillé sur la même musique dans Stars on Ice. «Quand j'entends cette musique, ça me détend, c'est comme si j'étais en spectacle», dit Rochette.

Elle compte maintenant se servir de Skate Canada comme d'une générale avant le rendez-vous olympique de Vancouver, en février 2010.

«En ce moment, mon entraînement va très bien, a indiqué Rochette, auteure de deux combinaisons triple-triple hier matin. Avant les Jeux, je patinerai probablement comme ça à l'entraînement. Ce sera donc un bon test d'essayer de le reproduire devant une foule partisane.»