« Je suis préoccupé. Mais si j'avais à me prononcer aujourd'hui, je dirais que les choses vont s'arranger. »

En 39 ans comme membre du Comité international olympique (CIO), l'avocat montréalais Richard Pound a vécu son lot de situations politiques tendues. Et depuis quelques jours, le CIO « surveille de près » les tensions politiques entre les États-Unis et la Corée du Nord, qui menace d'utiliser son arsenal nucléaire pour attaquer les États-Unis.

En février prochain, les meilleurs athlètes au monde doivent se réunir en Corée du Sud - le pays voisin de la Corée du Nord - pour les Jeux olympiques d'hiver de PyeongChang. Si M. Pound se dit « préoccupé » par la situation, il estime actuellement que les Jeux auront lieu comme prévu.

« Je ne crois pas que la Corée du Nord risquera d'aller en guerre en faisant quelque chose contre les États-Unis », dit Richard Pound, qui est le doyen des membres du CIO.

Le CIO pourrait-il annuler les Jeux olympiques, décision qui n'a plus été prise depuis la Seconde Guerre mondiale ? « Il faudrait qu'il y ait des hostilités [combats] dans la région », pense Richard Pound, qui estime que changer de pays hôte n'est pas une option viable à ce stade-ci.

Le Québécois Walter Sieber, qui siège à la commission du CIO sur le programme des Jeux depuis 2000, estime que « c'est la situation la plus délicate » vécue par le CIO « à quelques mois des Jeux ». 

« Il faut toujours espérer un dialogue pour régler cette crise, dit M. Sieber, qui siège au conseil d'administration du Comité olympique canadien. Évidemment, les déclarations des chefs d'État [le président américain Donald Trump et le leader nord-coréen Kim Jong-un] n'arrangent rien, mais il faut vraiment espérer que quelque chose de positif va se passer. »

UNE REPRISE DE 1988

La situation actuelle dans la péninsule coréenne lui rappelle justement les Jeux olympiques... de Séoul, aussi en Corée au Sud, à l'été 1988.

À l'époque, la Corée du Nord ne menaçait pas l'Occident avec son arsenal nucléaire, mais la situation politique était tout de même très tendue dans la région, se rappelle Richard Pound, qui siégeait alors au comité exécutif du CIO.

« [En 1988], c'était aussi tendu qu'aujourd'hui. La Corée du Sud faisait décoller un avion chaque jour autour de la zone coréenne démilitarisée, et s'il revenait après une heure, il n'y avait pas de guerre. »

- Richard Pound

En 1983, une tentative d'assassinat ratée contre le président sud-coréen Chun Doo-hwan a fait une vingtaine de morts, dont plusieurs ministres. Des suspects étaient nord-coréens. Peu avant les Jeux asiatiques en 1986 à Séoul, une bombe à l'aéroport a tué cinq personnes. Sans porter d'accusations formelles, la police sud-coréenne avait suggéré que la Corée du Nord était responsable, selon le New York Times.

Finalement, les Jeux olympiques de Séoul ont eu lieu comme prévu. « Les Chinois et les Soviétiques avaient dit la même chose à la Corée du Nord : "Nous allons avoir des athlètes à Séoul, nous ne voulons pas de problèmes de votre part" », dit Richard Pound.

LA SOLUTION CHINOISE

Selon le plus ancien des membres du CIO, la solution à la crise, d'un point de vue olympique, sera probablement similaire à celle de 1988.

« Les Chinois doivent parler à la Corée du Nord et leur dire : "Nous avons des athlètes, nous ne voulons pas de problèmes avec vous." On comprend que les diplomates chinois l'ont déjà fait », dit Richard Pound.

« Nous verrons ce qui arrivera, mais la Corée du Nord dépend presque entièrement de la Chine pour son appui. Si la Chine dit : "Vous devez arrêter [le programme nucléaire] ou vous ferez face à des sanctions sévères", ils doivent y porter attention.

« C'est bien que la Chine ait pris une partie de la responsabilité pour la conduite de son allié, comme elle doit le faire. Ne l'oublions pas, la Chine est le prochain pays hôte des Jeux d'hiver [de 2022]. »

Cinq annulations

Le CIO a été forcé d'annuler les Jeux olympiques à cinq reprises, chaque fois durant une guerre mondiale.

- 1916 : Berlin (Allemagne)

- 1940 : Sapporo (Japon)

- 1940 : Helsinki (Finlande)

- 1944 : Cortina d'Ampezzo (Italie)

- 1944 : Londres (Royaume-Uni)

Cinq changements de ville

Le CIO a aussi choisi de changer la ville hôte des Jeux olympiques à cinq reprises, la dernière fois de Denver à Innsbruck (Autriche) à l'hiver 1976, en raison du désistement de Denver. Voici les autres cas :

- 1904 : les Jeux d'été se sont déroulés à St. Louis plutôt qu'à Chicago afin de ne pas créer de conflit avec l'Exposition universelle de St. Louis. 

- 1908 : les Jeux d'été devaient avoir lieu à Rome, mais l'éruption du Vésuve en 1906 a forcé le gouvernement italien à se désister pour des raisons financières, et les Jeux ont eu lieu à Londres. 

- 1940 : Les Jeux olympiques d'hiver ont d'abord été attribués à Sapporo, puis à Saint-Moritz et enfin à Garmisch-Partenkirchen avant d'être annulés. Quant aux Jeux d'été, qui devaient se dérouler à Tokyo, ils ont été déplacés à Helsinki puis annulés.

Cinq annulations

Le CIO a été forcé d'annuler les Jeux olympiques à cinq reprises, chaque fois durant une guerre mondiale.

- 1916 : Berlin (Allemagne)

- 1940 : Sapporo (Japon)

- 1940 : Helsinki (Finlande)

- 1944 : Cortina d'Ampezzo (Italie)

- 1944 : Londres (Royaume-Uni)

Cinq changements de ville

Le CIO a aussi choisi de changer la ville hôte des Jeux olympiques à cinq reprises, la dernière fois de Denver à Innsbruck (Autriche) à l'hiver 1976, en raison du désistement de Denver. Voici les autres cas :

- 1904 : les Jeux d'été se sont déroulés à St. Louis plutôt qu'à Chicago afin de ne pas créer de conflit avec l'Exposition universelle de St. Louis. 

- 1908 : les Jeux d'été devaient avoir lieu à Rome, mais l'éruption du Vésuve en 1906 a forcé le gouvernement italien à se désister pour des raisons financières, et les Jeux ont eu lieu à Londres. 

- 1940 : Les Jeux olympiques d'hiver ont d'abord été attribués à Sapporo, puis à Saint-Moritz et enfin à Garmisch-Partenkirchen avant d'être annulés. Quant aux Jeux d'été, qui devaient se dérouler à Tokyo, ils ont été déplacés à Helsinki puis annulés.