Le nageur américain Michael Phelps a appelé mardi à une refonte globale urgente des procédures antidopage dans le monde, après que le directeur de l'Agence américaine antidopage (USADA) a accusé le Comité international olympique (CIO) de se traîner les pieds.

Michael Phelps, l'athlète le plus titré de l'histoire olympique, retraité depuis les JO de Rio l'été passé, a estimé que le CIO devrait mettre davantage de moyens à la disposition de l'Agence mondiale antidopage (AMA).

«À mon avis c'est quelque chose qu'il faut traiter dès aujourd'hui», a-t-il dit lors d'une audition parlementaire à Washington sur le dopage dans le sport.

«On doit trouver la manière de régler ce problème, peu importe comment. Si ça veut dire plus d'argent, mettons plus d'argent», a-t-il ajouté.

Interrogé sur le temps que cela prendrait de mettre en place des réformes, le nageur aux 23 médailles d'or n'a pas donné de calendrier précis, mais a prévenu que les scandales de dopage récurrents ces derniers mois «broient» le sport.

«C'est ce qui est frustrant pour moi, athlète qui ai passé 20 ans dans les piscines. Je suis content que les gens commencent à prendre ce problème au sérieux (...) parce que ça broie les sports pour nos jeunes et pour tout le monde», a-t-il encore regretté.

Michael Phelps a témoigné aux côtés d'Adam Nelson, champion olympique de lancer du poids en 2004, qui a dû attendre près de neuf ans avant de recevoir sa médaille d'or après le déclassement pour dopage de l'Ukrainien Juri Belonog.

Adam Nelson a raconté son amertume de ne pas recevoir sa médaille d'or dans le stade, devant des milliers de spectateurs: quand son trophée est arrivé, il se trouvait... dans le fast-food d'un aéroport.

«Je sais que dans certaines parties du monde le dopage est toujours dans les moeurs», a souligné l'ancien athlète.

Travis Tygart, directeur de l'Agence américaine antidopage (USADA), a quant à lui appelé à une claire séparation des pouvoirs entre le CIO et l'Agence mondiale antidopage (AMA) pour éviter tout conflit d'intérêts. Le président de l'AMA Craig Reedie fait partie du CIO, de même que plusieurs membres du comité exécutif de l'agence antidopage.

«Sinon, de notre point de vue, c'est encourager le renard a garder le poulailler», a-t-il dit.

Selon lui, le scandale du dopage à grande échelle en Russie qui a ébranlé le monde du sport l'an passé aurait même été découvert plus tôt si la gouvernance de l'AMA «n'avait pas été handicapée par son propre manque d'indépendance».