Les tensions découlant du scandale de dopage généralisé en Russie ont refait surface mercredi tandis que les dirigeants du mouvement olympique ont fustigé l'Agence mondiale antidopage (AMA) et qu'un homme d'affaires influent a demandé qu'un dirigeant «neutre» remplace Craig Reedie à la tête de l'organisation.

L'AMA a été sévèrement blâmée par des délégués lors de l'assemblée générale de l'Association des comités nationaux olympiques (ACNO), notamment pour sa gestion des allégations de dopage commandité par l'État russe qui ont porté ombrage aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro dans les semaines qui ont précédé la cérémonie d'ouverture.

Contre toute attente, le président de l'ACNO, le cheikh Ahmad al-Fahad al-Sabah, a déclaré que des réformes au sein de l'AMA seront difficiles à mettre en place «à moins qu'un dirigeant neutre soit à la tête de l'organisation pour les trois prochaines années».

Le cheikh a proposé «qu'un groupe de leaders soit responsable des réformes dans l'organisation».

Cette déclaration est survenue seulement quatre jours avant que Reedie, un membre du CIO provenant de Grande-Bretagne, ne voie son mandat de trois ans être renouvelé à titre de président de l'AMA lors des assises de Glasgow, en Écosse. Elle survient aussi moins d'une semaine après que le comité exécutif du CIO eut déclaré qu'il appuierait la réélection de Reedie.

Reedie et les délégués présents aux assises ont paru surpris des commentaires du cheikh Ahmad.

«J'ai de la difficulté à comprendre le cheikh, a déclaré Reedie à l'Associated Press. Je ne suis pas certain de ce qu'il a déclaré.»

Le cheikh Ahmad a aussi suggéré que l'AMA, dont les bureaux sont à Montréal, soit déménagée à Genève, en Suisse.

Reedie, qui a récemment rencontré à huis clos le président du CIO Thomas Bach, a mentionné qu'il n'envisageait pas de changement immédiat à la tête de l'AMA.

«Je crois que ce serait difficile d'y parvenir d'ici à dimanche», a-t-il expliqué, avant d'ajouter qu'il «ne fait aucun doute dans ma tête» que sa réélection aura lieu ce week-end.

Reedie a souligné que la suggestion à l'effet que le président de l'AMA soit impartial avait déjà été formulée, mais qu'elle devait être étudiée dans un avenir plus ou moins précis.

«Ça fait partie de nos débats sur la saine gestion, a-t-il dit. Si c'est ce qu'ils (nos délégués) veulent, alors je m'arrangerai pour que ça se produise.»

Reedie est le président de l'AMA depuis 2013. En vertu des règles actuelles, le président de l'AMA est élu pour trois ans, avec la possibilité que son mandat soit renouvelé pour trois autres années. Le candidat élu à la tête de l'organisation provient en alternance des gouvernements et des fédérations sportives.

Le CIO a indiqué à l'AP mercredi que son comité exécutif avait informé Reedie la semaine dernière de son intention de compter «à l'avenir» sur un président de l'AMA impartial «afin d'assurer la crédibilité et la saine gestion» de l'organisation.

Le comité a proposé de travailler en partenariat avec les gouvernements afin de modifier le système d'alternance en place, afin de paver la voie à un nouveau groupe de leaders.

«Lors de la rencontre, Sir Craig a accepté cette approche et dit qu'il n'empêcherait pas qu'une telle solution soit adoptée, a informé le CIO. À la suite de ça, il a reçu l'appui du comité exécutif du CIO afin que son mandat de président de l'AMA soit renouvelé.»

L'ACNO a adopté une résolution à la conclusion de l'assemblée mercredi qui recommande qu'on retire les pouvoirs coercitifs de l'AMA et qu'on entame des pourparlers entre le mouvement olympique et les gouvernements afin «qu'un candidat impartial au poste de président de l'AMA soit nommé conjointement». Aucun échéancier n'a cependant été établi.

«C'est une discussion en cours avec l'AMA, a déclaré la secrétaire générale de l'ACNO Gunilla Lindberg. Personne ne sait quand ça se produira.»