Vingt-quatre heures après avoir annoncé son retrait des essais canadiens d'athlétisme - et par le fait même des Jeux olympiques de Rio de Janeiro -, le spécialiste du 3000 m steeple, Alex Genest, a admis mercredi que la décision avait été déchirante à prendre.

«On a poussé au maximum - j'ai fait de la piscine, du vélo, du tapis roulant sans gravité, mais il n'y avait rien à faire, a dit Genest en entrevue téléphonique avec La Presse canadienne à partir de Guelph en Ontario, où il s'entraîne. La semaine passée, j'ai essayé de faire des accélérations sur le tapis à 70 ou 75 % de mon poids, et j'ai ressenti les mêmes douleurs.

«J'en ai pleuré une «shot» mercredi dernier lorsque j'ai su que c'était terminé, a-t-il ajouté. La douleur était tout simplement trop vive.»

Genest a indiqué qu'il avait subi une déchirure à deux ligaments du pied gauche en avril, entraînant une tendinite du tendon tibial postérieur. Le Québécois devait participer aux essais olympiques canadiens ce week-end à Edmonton, mais malheureusement la blessure qu'il a subie n'a pu guérir à temps.

Les symptômes sont d'abord apparus vers la fin du mois d'avril, mais comme c'est souvent le cas avec les athlètes de calibre international, Genest ne s'est pas soucié immédiatement de la douleur. Les entraînements se sont donc succédés, et la douleur n'a cessé de s'aggraver.

«C'est une saison olympique, donc il ne pouvait pas y avoir de demi-mesure, a évoqué Genest. J'ai tout donné, et à Los Angeles le 20 mai mon pied a décidé qu'il ne suivait plus. Je suis donc rentré à Montréal en béquilles, j'ai subi un test d'imagerie par résonance magnétique dans la même semaine, et c'est là qu'on a vu les déchirures ligamentaires.»

À partir de ce moment-là, une course contre la montre s'est engagée, et Genest a dû porter une botte protectrice pendant deux semaines - plutôt que les quatre recommandées par les spécialistes. En cours de route, il a assuré avoir toujours cru pouvoir se rendre à Rio.

«On dit toujours que c'est dans les mauvais moments qu'on voit la force de caractère d'un athlète, et bien je pense que j'ai appris énormément de tout ça. Ça m'a aussi permis d'apprécier les moments où ça va bien, encore mieux qu'avant», a confié Genest.

Le dopage, toujours présent

Genest ne cache pas qu'il rêvait d'améliorer sa 17e place enregistrée aux Jeux de Londres en 2012.

«De manière réaliste, je crois que j'aurais pu réussir un top-10», a-t-il dit sans hésitation.

Évidemment, ce résultat aurait été possible à condition que tous les athlètes respectent les règles antidopages. Ce qui est loin d'être le cas, selon le principal intéressé.

«On va se le dire franchement, à Londres, je n'ai pas terminé 17e, a-t-il évoqué. Et à Moscou (aux Mondiaux), je n'ai pas terminé 13e non plus. Et ce ne sont pas seulement des soupçons. C'est juste dommage que ces athlètes aient pris leur retraite un petit peu trop tôt.

«Je crois que c'est difficile en ce moment de croire que les Jeux de Rio seront plus propres que ceux de Londres, bien que de bonnes choses se font en ce moment. Mais en huit mois, je serais étonné qu'on soit parvenu à complètement éradiquer le problème en athlétisme», a convenu le lauréat d'une médaille d'argent aux Jeux panaméricains de Toronto en 2015, qui soupçonne quatre athlètes ayant pris part à la finale du 3000 m steeple à Londres d'avoir été dopés.

Même s'il devra se résoudre à jouer un rôle de spectateur, Genest a indiqué qu'il s'était procuré des billets pour le 3000 m steeple, son épreuve de prédilection, qui se déroulera au Stade olympique les 15 et 17 août.

«On va aller voir mes amis courir. Je ne sais pas trop comment je vais réagir, a-t-il admis. Ça risque d'être intéressant, parce que je vais voir la compétition d'un autre angle, mais je crois que ça risque d'être très émotif. Heureusement, j'aurai tous les membres de ma famille avec moi.»

Genest, qui vient de fêter son 30e anniversaire de naissance le 30 juin, a indiqué qu'il sera accompagné de sa femme, de ses enfants de deux et cinq ans, de sa soeur, de sa belle-soeur, de ses parents ainsi que de quelques amis de la famille.

«On va tous être à Rio, a-t-il lancé. On va prendre les précautions nécessaires, mais je suis allé à Rio en 2012 et je pense que beaucoup d'efforts ont été mis pour stabiliser la ville. Je suis inquiet, mais en même temps j'ai assez voyagé dans ma vie pour être prêt à faire face à tous les scénarios. Je suis certain qu'on trouvera de la sécurité et qu'on parviendra à s'amuser là-bas.»