À six mois des Jeux olympiques de Rio de Janeiro, l'épidémie du virus Zika, une «urgence sanitaire de portée mondiale», selon l'Organisation mondiale de la santé, n'inquiète pas le Comité olympique canadien (COC). Le COC suit l'évolution de la situation de près et se préoccupe surtout de l'entourage et des familles des athlètes.

Problème mineur

Transmis par les moustiques, le virus Zika est essentiellement une menace pour les femmes enceintes, qui pourraient donner naissance à des enfants atteints de microcéphalie. «Ce ne sera pas du tout une inquiétude pour les athlètes», a assuré le Dr Robert McCormack, directeur médical du COC.

«Ce n'est qu'un problème mineur si vous n'êtes pas une femme enceinte. Les athlètes vont prendre les mesures nécessaires pour ne pas devenir enceintes avant les Jeux parce que ça ne conduirait pas à des performances optimales. [...] Le virus reste dans le système pendant seulement une semaine ou un peu plus. Donc, pourvu que vous ne tombiez pas enceinte au moment où le virus est dans votre système sanguin, vous êtes correcte.»

Entourage

Environ 80% des personnes infectées par le virus Zika sont asymptomatiques. Les autres peuvent être ennuyées par des éruptions cutanées, de la fatigue, des maux de tête et des courbatures. «Du point de vue de l'athlète, il y a de pires virus comme la malaria et la dengue», souligne le Dr McCormack.

Pour l'heure, le COC est surtout attentif à l'entourage des athlètes, les entraîneurs, les membres de l'équipe de soutien, la famille et les amis qui pourraient les accompagner au Brésil. «Si une membre de l'équipe est enceinte, on recommande à ce moment-ci de ne pas y aller, à moins qu'il n'y ait pas d'autre choix. [...] On s'assure que ces personnes sont informées et prennent les précautions appropriées.»

Chasse-moustiques

Les Jeux se tiendront durant l'hiver brésilien, une période moins propice pour les moustiques, souligne le Dr McCormack. Les autorités locales ont déjà mis en place des mesures de contrôle avec le déploiement de plus de 200 000 militaires et travailleurs chargés d'arroser les zones à risque. Les mares d'eau stagnante, où les moustiques aiment se reproduire, seront également éradiquées sur une base quotidienne autour des installations olympiques.

La meilleure façon d'éviter une infection au Zika est de ne pas se faire piquer par un moustique porteur. Le COC et le Comité international olympique recommandent donc aux athlètes de s'enduire d'antimoustique, de porter des manches longues et de dormir les fenêtres fermées et à l'air conditionné. «On dit aux amis et à la famille qui restent à l'extérieur du village olympique d'avoir l'air climatisé, des moustiquaires sur les fenêtres ou d'envisager des filets contre les moustiques.»

Malaria

La malaria est une infection plus sérieuse aux yeux du COC. «Ce n'est pas quelque chose de préoccupant à Rio de Janeiro, mais ça peut être un problème dans le nord du Brésil, précise le directeur médical. Si, par exemple, le tirage au sort fait en sorte que notre équipe féminine de soccer joue à Manaus ou à Brasilia, il faudra se pencher sur la question de la protection contre la fièvre jaune et la malaria.»

Épreuve-test en lutte

La lutteuse olympique Dorothy Yeats rentre de Rio de Janeiro après avoir gagné la médaille d'argent à l'épreuve-test olympique le week-end dernier. Le virus Zika était sur toutes les lèvres durant son séjour carioca. Chaque jour, elle recevait des courriels du Canada la mettant en garde. «J'étais au courant, j'ai apporté du chasse-moustiques, mais j'ai complètement oublié de l'utiliser!», raconte la Montréalaise de 22 ans, qui pense s'être fait piquer à quatre ou cinq reprises.

«C'est quelque chose de nouveau, les gens et les médias en parlent, alors tout le monde voit ça comme un plus grand problème que ce l'est en réalité.» Yeats se souciait davantage de ne pas boire l'eau du robinet, qui peut causer des problèmes de santé plus sérieux.

Maintenant, le plongeon

La Coupe du monde de plongeon, du 19 au 24 février, est la prochaine épreuve-test qui se tiendra à Rio de Janeiro. «Au sujet du virus Zika, nous suivons les recommandations reçues de la FINA [qui reçoit ses recommandations du Comité international olympique et de l'Organisation mondiale de la santé]», a indiqué par courriel la directrice en chef des opérations de Plongeon Canada, Penny Joyce, précisant «qu'il n'y a aucune femme enceinte sur [l']équipe de la Coupe du monde».