En marge de la session du CIO qui a offert les Jeux d'hiver 2022 à Pékin, les prétendants à l'organisation des Jeux olympiques d'été 2024, dont Paris et Rome, mènent déjà discrètement campagne à Kuala Lumpur, à deux ans du vote.

Certes la campagne ne débutera officiellement que le 16 septembre, au lendemain de la date limite du dépôt des candidatures, soit la fin de la nouvelle phase dite «d'invitation». Mais à ce jour, quatre villes sont déjà dans les blocs de départ: Budapest, Hambourg, Paris et Rome.

Après le retrait de Boston, faute de soutien populaire, le Comité olympique des États-Unis (USOC) «s'est engagé à présenter une candidature», a réaffirmé le président du CIO Thomas Bach.

«Il y aura une candidature américaine, c'est sûr, peut-être Los Angeles», renchérit le prince Albert II de Monaco, membre du CIO depuis 1985. «Il y aura aussi peut-être Toronto», ajoute-t-il.

«Je pense que cette campagne pour les Jeux de 2024 va être très, très disputée et très âpre jusqu'au bout», souligne celui qui a pris part à cinq Jeux d'hiver en bobsleigh.

Pour mettre tous les atouts de leur côté, les représentants de chaque candidature déclarée ne perdent donc déjà plus un instant. «Le but c'est de s'intéresser à ce qui se passe et être connecté au monde du CIO sur les sujets d'aujourd'hui», explique Tony Estanguet, l'un des plus jeunes membres du sérail olympique, élu membre en 2013 à l'âge de 35 ans.

100 électeurs

«Il s'agit de faire un point d'actualité sur l'Agenda 2020, comment il est mis en application et quelles sont les orientations. C'est important car derrière, on va devoir construire notre dossier», confie le triple champion olympique de canoë, l'un des meneurs, avec Bernard Lapasset, président de la Fédération internationale de rugby (World Rugby), de la candidature tricolore.

Convaincre une majorité de membres du CIO de soutenir une candidature plutôt qu'une autre est une science complexe, qui ne s'apprend pas sur les tortueuses descentes en eau vive qu'affectionnait Estanguet.

«Il faut rencontrer tous les membres votants du CIO [au nombre de 100], connaître leurs souhaits, leurs parcours, leurs attentes», explique un conseiller de la candidature parisienne.

Dans la limite de ce qu'autorise le CIO, les représentants de Paris, Rome et Hambourg ont multiplié les rendez-vous à Kuala Lumpur. «Les occasions permises par le CIO sont rares, donc il faut les maximiser», ajoute un membre du Comité national olympique italien pour qui «tout cela n'est que de l'approche, on n'en est pas encore à compter les voix».

«Donner une vision large»

Les Américains, qui doivent désigner une nouvelle ville candidate en août, sont présents grâce à leurs quatre membres au CIO, dont Lawrence Probst, président de leur comité olympique (USOC). Pour les Canadiens, qui s'interrogent encore sur une candidature de Toronto, récente ville hôte des Jeux panaméricains, le président du comité olympique Marcel Aubut, est venu prendre la température.

Quoi qu'il en soit, «l'issue du vote pour 2024 est très difficile à anticiper», confie à l'AFP le Taïwanais Ching-Kuo Wu, l'un des 15 membres du comité exécutif du CIO. D'autant que le processus de candidature change et que le CIO n'éliminera plus de candidat avant le vote final à Lima à l'été 2017.

Et le président de la Fédération internationale de boxe de livrer quelques pistes sur ce que les postulants devront mettre en avant: «Dans leur candidature les villes doivent convaincre que leur projet n'apportera pas seulement à leur ville, mais aussi à leur région et à leur pays. Nous attendons une vision plus large, et pas seulement technique».

La veille, Pékin avait ainsi battu Almaty pour les JO 2022 en faisant une promesse: développer un marché encore balbutiant des sports d'hiver «au profit de plus de 300 millions de personnes vivant dans le nord de la Chine».