Istanbul, Tokyo et Madrid, les trois finalistes dans la course à l'organisation des Jeux olympiques d'été de 2020, ont répété leurs gammes jeudi avec la présentation de leur projet devant le gotha de dirigeants sportifs réunis à Saint-Pétersbourg.

Les trois métropoles le referont le 3 juillet à Lausanne cette fois devant les membres du Comité international olympique (CIO), un auditoire hautement plus important puisque ce sont eux qui voteront pour la ville-hôte le 7 septembre à Buenos Aires.

Entre-temps, ils auront pu se forger aussi leur opinion avec le rapport technique que publiera le 25 juin la commission d'évaluation du CIO qui s'est rendu dans les trois pays en mars.

Les candidates ont bien retenu la leçon dispensée dans tous les séminaires pour villes cherchant à décrocher un gros événement sportif: savoir répondre à la question «pourquoi vouloir les Jeux?»

Parce que «nous avons tenu nos promesses», a fait valoir Madrid, deux fois candidate malheureuse précédemment et qui fait encore figure de négligée face à ses deux rivales.

Deux continents

Malgré ses échecs, la capitale espagnole a construit de nouvelles enceintes sportives, ce qui lui permet de se targuer d'avoir 80% des infrastructures envisagées déjà existantes.

«Nous n'avons pas adapté les Jeux à la ville, mais nous avons adapté la ville aux Jeux», a mis en avant Marisol Casado, l'une des trois Espagnols membres du CIO.

Alors que la situation économique espanole n'est pas des plus reluisantes, le comité de candidature a dépêché le secrétaire d'État au commerce Jaime Garcia-Lopez pour tenter de dissiper les doutes sur la capacité du pays à financer des Jeux.

Mais pas sûr que les membres des fédérations sportives aient bien compris l'intérêt de sa démonstration à coup de taux de croissance et position de la balance extérieure.

L'économie turque faisant pâlir de jalousie les pays européens, Istanbul a pu s'épargner cette fastidieuse démonstration et prendre le temps de jouer la carte des Jeux à cheval sur deux continents, avec le Bosphore pour somptueuse toile de fond.

«Pour la première fois, les Jeux olympiques peuvent être à la fois en Europe et en Asie, a insisté Hasan Arat, le président du comité de candidature stambouliole. Istanbul 2020 va jeter un pont entre l'Est et l'Ouest.»

Istanbul, dont le gros point noir est la congestion des transports, s'est attelée à démontrer qu'elle était la métropole «non plus d'un pays émergent mais émergé», dotée d'un métro moderne, contrairement à l'époque de sa dernière candidature en 2001 et bientôt d'un troisième pont sur le Bosphore, dont la construction a démarré la veille.

Tokyo fait rire

Entre les cartes postales affichées par Istanbul et la démonstration plus froidement technique de Madrid, Tokyo a eu le mérite de faire rire l'auditoire, grâce aux petites piques distillées par son gouverneur Naoki Inose.

«Je peux comprendre que certains estiment que notre candidature est l'option sécurité dans cette campagne, mais je ne comprends pas en quoi cela peut être une mauvaise chose», a estimé le gouverneur, qui s'était excusé il y a quelques semaines après avoir tenu des propos controversés sur Istanbul dans une interview à un journal américain.

Une ville, où selon lui «tout le monde peut se promener dans les rues en toute sécurité, hommes comme femmes, seul ou en groupe, jour et nuit» et qui est équipée d'un réseau de métro de pointe garantissant «d'arriver à l'heure à chaque fois».

Tokyo dit avoir «retenu le meilleur de sa précédente candidature pour les Jeux de 2016 et amélioré les reste», ce qui donne des Jeux concentrés sur deux grands sites, l'un en front de mer où sera le village olympique, et l'autre historique, offrant une nouvelle jeunesse à des enceintes des Jeux de 1964.