Avec la candidature de Sergueï Bubka officialisée mardi, six hommes sont désormais lancés dans la course à la présidence du CIO, une pléthore de prétendants à la mesure des années qu'il faut attendre pour voir le poste suprême se libérer.

Le Belge Jacques Rogge arrivera en septembre au bout de ses deux mandats de huit et quatre ans, auxquels est limité désormais la présidence, loin du règne de 21 ans de l'Espagnol Juan Antonio Samaranch entre 1980 et 2001.

Il y a douze ans, ils étaient cinq à briguer la succession du marquis catalan. Cette fois, à moins d'une candidature surprise avant la date limite du 10 juin, ils devraient être six, avec des profils divers.

Côté palmarès, personne ne peut rivaliser avec Sergueï Bubka, légende vivante de l'athlétisme.

Plus que par sa collection de médailles, le champion olympique des Jeux de Séoul en 1988 et sextuple champion du monde a laissé une trace indélébile dans l'histoire du sport en poussant toujours plus haut le record du monde du saut à la perche. Il le détient toujours avec ses 6,14 m en extérieur et 6,15 m en salle.

Mais dans la course à la présidence, l'ancien perchiste, 49 ans, fait plutôt figure d'outsider, malgré ses positions dans diverses instances, de président du Comité olympique ukrainien à membre de la commission exécutive du CIO, en passant par la vice-présidence de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF).

Surtout face aux deux poids lourds, Thomas Bach, le patron du Comité olympique allemand et vice-président du CIO, et le Portoricain Richard Carrion, le président de la Commission des finances du CIO.

L'avocat allemand, qui conquit un titre olympique de fleuret par équipe, n'était pas pour rien le premier à ouvrir le bal des prétendants le 9 mai.

Un sportif ou un homme d'affaires?

Mais malgré l'influence qu'on lui prête en coulisses, Thomas Bach peut se souvenir du camouflet infligé à Munich lors de l'attribution des Jeux d'hiver de 2018, accordés haut la main à la Corée du Sud.

Contrairement aux autres candidats, Richard Carrion n'a pas de passé de sportif de haut niveau à mettre en avant, mais plutôt ses talents d'homme d'affaires, lui qui est PDG du holding financier Popular Inc., à une époque où la gestion du CIO tient plus de celle d'une entreprise que de l'association de bénévoles.

Rôdé à la négociation des droits de télévision des Jeux olympiques, le Portoricain peut se targuer d'avoir ainsi rapporté «8 milliards de dollars de recettes au mouvement olympique».

Le Suisse Denis Oswald, le président de la Fédération internationale d'aviron (FISA), affiche aussi une belle carte de visite. Cet avocat et professeur de droit a touché à toutes les commissions les plus importantes du CIO, présidant notamment les commissions de coordination des Jeux d'Athènes en 2004 et de Londres en 2012.

Ng Ser Miang, vice-président du Comité olympique de Singapour et autre vice-président du CIO, et le Taïwanais Ching-kuo Wu, le président de l'Association internationale de boxe amateur (AIBA), aimeraient bien être les premiers Asiatiques à diriger l'instance olympique.

Si les statistiques montrent qu'il vaut mieux être Européen et dirigeant d'un comité national olympique plutôt que d'une fédération sportive internationale pour arriver à conquérir la présidence du CIO, les quelques 100 membres qui éliront leur nouveau patron lors de la session du CIO à Buenos Aires le 10 septembre sont libres de déjouer les pronostics.