Aussi splendide et accueillante que chaotique et violente, Rio de Janeiro revêt officiellement dimanche le costume de prochaine ville-hôte des JO avec le défi titanesque de réussir dans quatre ans les premiers Jeux organisés en Amérique du Sud.

Le Comité olympique brésilien (COB) et la municipalité de Rio se veulent rassurants, affirmant que tous les travaux ont déjà commencé. Mais il reste à construire pratiquement tout le Village olympique, le Parc olympique et de nombreuses installations.

Pour pimenter encore le défi, une partie des travaux devra être achevée pour le Mondial-2014 de football au Brésil.

Alors que le rideau tombe sur les Jeux de Londres, «c'est maintenant que nous allons réellement sentir la complexité d'organiser un événement comme les JO», déclare à l'AFP Erich Beting, créateur de la «Máquina del deporte» (La machine du sport, ndlr), un site internet spécialisé dans l'économie du sport.

Or, «ces trois dernières années, nous nous sommes peu préoccupés de commencer à construire le Village olympique et de créer les infrastructures nécessaires».

Un million de visiteurs, 34 000 chambres d'hôtel

Le directeur général du Comité organisateur des JO-2016, Leonardo Gryner, a récemment admis que les transports et la capacité hôtelière sous-dimensionnée de Rio étaient les domaines qui l'inquiétaient le plus.

La «Ville merveilleuse», mondialement connue pour son carnaval exubérant et son site naturel à couper le souffle, attend plus d'un million de touristes pour les Olympiades.

Mais elle n'aura à offrir que 34 000 chambres d'hôtel.... À condition qu'elle remplisse son objectif de faire sortir de terre 10 000 nouvelles chambres en quatre ans!

Les autorités locales ont entamé les travaux pour prolonger une ligne de métro jusqu'à Barra da Tijuca, une banlieue de Rio située à environ 40 km du centre-ville, dont elle n'est reliée que par une unique route aux embouteillages chroniques.

C'est là que seront situés le Village et le Parc olympiques et qu'auront lieu plus de la moitié des compétitions. Les autorités ont promis de mettre en place quatre lignes de bus rapides qui utiliseront des couloirs prioritaires.

Les projets de mobilité urbaine «sont d'une manière générale en retard et le gouvernement admet qu'une partie ne sera pas réalisée pour la Coupe du monde, ni même, pour beaucoup, pour les JO-2016», explique Carlos Campos, économiste à l'Institut d'investigation d'Économie appliquée (IPEA).

Quelque 47% des installations sportives nécessaires existent déjà. Certaines datent des Jeux panaméricains de 2007, 28% seront nouvelles et 25%, comme les gradins de la plage de Copacabana pour le beach-volley, temporaires, explique Leonardo Gryner.

La plus violente après Caracas

Le maire de Rio, Eduardo Paes, candidat à sa réélection en octobre, a assuré récemment que Rio était dans les délais «avec une certaine marge qui nous permettra de tenir notre promesse de finir les chantiers avec suffisamment d'avance».

Le dossier de candidature présenté par la ville prévoit des investissements de plus de 28 milliards de réais (11,3 milliards d'euros), répartis entre les 5,6 mds de réais (2,26 mds d'euros) émanant du Comité organisateur et les 23,3 mds de réais (9,4 mds d'euros) de fonds publics ou privés.

Reste le point noir de la violence, qui plombe souvent la joie de vivre des 6,5 millions d'habitants de Rio. Même s'il est en sensible voie d'amélioration. Quelque 150 de ses 750 favelas ont été reconquises depuis 2008 par la police et l'armée aux trafiquants de drogue qui y exerçaient un contrôle total.

Mais «Rio reste une ville violente comparée à tout ce que l'on voit aux États-Unis ou en Europe. Et sur le continent, seule Caracas (capitale du Venezuela) est plus violente», souligne Ignacio Cano, chercheur au Laboratoire d'analyse de la violence à l'Université publique de Rio.