Stipulant que le sport est «menacé» par les paris illégaux et les matchs truqués, le Comité international olympique (CIO) a mis sur pied un groupe d'intervention chargé de coordonner la lutte à ce marché noir rapportant plusieurs milliards de dollars à ses protagonistes.

Le président du CIO, Jacques Rogge, a annoncé cette initiative mardi, rappelant le besoin d'agir de façon urgente dans ce dossier. Cette annonce survient après une rencontre au sommet impliquant des leaders des fédérations sportives, des politiciens, des preneurs aux livres accrédités et Interpol.

«Je crois que le sport est en danger. Les paris illégaux sont en croissance et nous devons absolument freiner leur ascension», a indiqué Rogge au sujet d'une industrie dont les revenus sont estimés à 140 milliards $ US annuellement par Interpol.

En comparaison, les paris sportifs légaux ont rapporté 53 milliards $ en 2010.

«Il n'y a pas de zones protégées. Il y a des paris illégaux dès qu'il y a un accès à l'Internet», a ajouté le leader du CIO.

Les participants à cette rencontre ont pu découvrir les moindres détails des scandales ayant touché le football, le criquet et le sumo au cours des six derniers mois seulement. Ils se sont également fait dire que le sport «aurait besoin de plusieurs années» pour se remettre d'un éventuel scandale des paris sportifs à l'échelle planétaire.

Rogge a indiqué que la prochaine étape consisterait en choisir les membres de ce groupe d'intervention et d'établir leur champ d'action. Cette rencontre doit avoir lieu dans deux semaines. Ce groupe devra transmettre un premier rapport d'ici la fin de l'année.

Toutefois, le CIO ne prévoit pas immédiatement créer un groupe mondial anti-corruption similaire à l'Agence mondiale antidopage, tel que le demandait la semaine dernière le directeur général de l'AMA, David Howman. Rogge a précisé qu'un organisme calqué sur l'AMA était cependant l'une des trois possibilités pour l'avenir.

La deuxième est d'utiliser les conventions internationales contre le crime et la corruption instaurées par les Nations Unies et l'Union européenne. Une troisième, préférée par les gouvernements australien, britannique et français qui ont participé à cette rencontre, est une approche plus pragmatique, «afin que se créent des allégeances et que se contruisent des systèmes de communication entre le sport, le gouvernement et les agences internationales comme Interpol», a dit Rogge, ajoutant que les pouvoirs d'enquêter et de porter des accusations par les forces policières étaient cruciaux pour que ce projet connaisse du succès.

Les leaders de l'industrie du pari sportif - qualifiés d'alliés dans cet effort anti-corruption par Rogge - ont indiqué aux participants qu'ils contribueraient financièrement et proposeraient leur expertise à ce projet.