Le pré-casting des candidates olympiques instauré cette année par le CIO a lancé prématurément, mercredi à Lausanne, une campagne électorale qui s'achèvera le 2 octobre à Copenhague pour quatre villes plus que jamais au coude à coude.

«Très sincèrement, je suis heureux de n'avoir pas à voter», a avoué le président du CIO, Jacques Rogge, au soir d'une journée éreintante au cours de laquelle Chicago, Tokyo, Rio de Janeiro et Madrid se sont succédées pour 45 minutes de présentation suivies d'autant de temps consacré aux questions des 93 membres présents.

Traditionnellement exempté de vote, le président du CIO n'aura donc pas à choisir entre quatre candidatures au «niveau de professionnalisme et à la vision extraordinaires, toutes capables d'organiser de superbes Jeux».

Si l'audition inédite des candidates, plusieurs semaines avant le vote, a rassuré le CIO sur la qualité des dossiers, elle a aussi fait monter la crispation entre des équipes ultra tendues.

Chicago, qui avait renoncé à présenter aux Olympiens une vidéo de soutien de Barack Obama, fulminait de la présence de chefs d'Etat ou de gouvernement sur les films rivaux. «Le CIO avait bien recommandé: pas de dignitaires dans les vidéos», accusait Pat Ryan, président du comité d'organisation américain.

Organisée pour répondre à la demande conjointe des villes candidates et de leurs électeurs (frustrés de ne pouvoir se rencontrer depuis la suppression des visites sur site consécutive au scandale de corruption de Salt Lake City), ce séminaire a, sur le fond, été un grand succès auprès des deux parties.

La crise, quelle crise?

«On a parlé de choses qui ne seraient pas forcément sorties lors de la présentation officielle à Copenhague avec les stars, les dirigeants, les VIP», s'est réjoui M. Rogge, notant qu'au Danemark, la séance de questions-réponses ne durerait que 15 minutes, soit trois fois moins qu'à Lausanne.

Du coup, les trois marottes actuelles du CIO: finances, environnement, transport, ont été abordées plus en détail que jamais.

Le premier point, crucial en période de crise pour un CIO particulièrement précautionneux en la matière, n'est visiblement un problème pour aucune des candidates, même Chicago, la seule ville à ne pas bénéficier d'une garantie totale de son gouvernement.

Grâce à un plan basé sur le mécénat et un partenariat public/privé, Chicago-2016 a assuré que «le budget olympique serait entièrement couvert», tandis que Rio jurait que les JO-2016 se bâtiraient sur la lancée du Mondial-2014, avec la plupart des infrastructures réalisées pour l'occasion.

Quant à Tokyo, «la ville au plus gros budget du monde» selon le président de la candidature, elle a «déjà sécurisé 4 milliards de dollars en banque.»

Madrid, elle, a joué sur sa candidature malheureuse à l'édition 2012 des JO, expliquant que la plupart des infrastructures étaient déjà prêtes.

Trois mois de joutes verbales à distance attendent maintenant les villes qui seront le 2 septembre une première fois hiérarchisées par le rapport que doit rendre la commission d'évaluation qui les a visitées au printemps.

Et comme de coutume dans les élections olympiques, il y aura un mois plus tard à Copenhague, une large part d'irrationnel dans le vote des Olympiens.