Longtemps favorite, la candidature de Chicago à l'organisation des jeux Olympiques 2016 marque le pas depuis quelques mois, handicapée par la crise économique, un puissant front d'opposants et surtout la bisbille financière qui oppose les comités olympiques international (CIO) et américain (USOC).

Bien sûr, il ne s'agit que d'une projection statistique et d'écarts infimes, mais un site internet spécialisé dans le suivi des candidatures olympiques (GamesBids.Com) vient quand même de classer la ville américaine en dernière position, derrière Tokyo, Rio de Janeiro et Madrid.

Même le soutien de Barack Obama, ex-sénateur du Michigan, ne parait plus faire le poids en face de l'excellence de dossiers sans tache tel celui de la capitale japonaise. Le président américain s'est d'ailleurs bien gardé d'accepter l'invitation du comité Chicago 2016 à assister, en octobre prochain à Copenhague, à l'élection de la ville hôte.

Une présence cruciale comme en atteste le poids qu'avaient eu Tony Blair lors du choix de Londres 2012, ou Vladimir Poutine pour Sotchi 2014. «Nous savons qu'il veut nous soutenir et qu'il sera là s'il le peut», a déclaré en début de semaine Pat Ryan, président du comité de candidature, en marge du salon Sport Accord, à Denver (Colorado).

A Denver cette semaine se joue également une partie à risque pour des Américains confrontés à la colère du CIO. Réuni pour sa première commission exécutive de l'année jusqu'à vendredi, le «gouvernement» du Comité international olympique devait rencontrer des responsables de l'USOC pour tenter de régler la vieille querelle financière qui plombe leurs relations depuis plusieurs années.

Les anti-Jeux attendent la commission d'évaluation

L'USOC est accusé par le CIO de ne jamais verser sa quote-part aux organisations sportives internationales et surtout de bénéficier sans plus le mériter d'un vieux contrat qui lui assure 12,75% des droits TV américains et 20% des revenus marketing générés par les JO. «Une somme immorale par rapport à ce que reçoivent les autres», juge Hein Verbruggen, membre influent du CIO et l'un des tenants de la ligne dure qui ont annoncé leur intention de voter contre Chicago en octobre, si le conflit ne trouve pas d'issue d'ici là.

Pat Ryan, bien conscient de l'effet désastreux de l'entêtement de l'USOC, a tenté toute la semaine de désolidariser sa candidature du comité olympique. «Je ne pense pas que la candidature et le débat sur le partage des revenus soient liés dans l'esprit des membres du CIO en général. Mais certaines personnes sont plus passionnées que d'autres», a-t-il concédé.

Comme celle qui s'achève à Denver, les prochaines semaines vont être décisives pour la métropole du Nord des Etats-Unis, première étape, à partir du 4 avril, des visites de la commission d'évaluation du CIO emmenée par la Marocaine Nawal El Moutawakel qui se rendra ensuite chez ses trois rivales.

Tout est prêt à Chicago pour recevoir les Olympiens, et surtout les actions des opposants aux Jeux qui ont promis un accueil sonore au CIO au motif que 2016 creuserait notamment la dette d'une ville déjà financièrement mal en point.

Un récent sondage donnait 77% de soutien à la candidature parmi la population de la ville. Un minimum selon les critères du CIO très soucieux de l'enthousiasme populaire au coeur des villes candidates.