Magnus Cort Nielsen a signé la première victoire danoise depuis neuf ans dans le Tour de France, dimanche à Carcassonne, après la 15e étape que le « régional » Lilian Calmejane a terminé en larmes.

Le Gallois Geraint Thomas, qui est arrivé avec le peloton à plus de treize minutes, a gardé les commandes de la course. Sans changement dans la hiérarchie à la veille de la seconde journée de repos et, au-delà, des cols pyrénéens.

Le plus rapide du groupe d'échappés qui s'est disputé le gain de l'étape dans les dix derniers kilomètres, Cort Nielsen s'est imposé aisément. Voilà neuf ans et le succès de Nicki Sörensen à Vittel, que le Danemark, pépinière de bons coureurs et candidat à l'accueil d'un Grand départ du Tour, attendait pareil succès !

À 25 ans, le Danois a apporté son deuxième succès en deux jours pour l'équipe Astana. La veille, l'Espagnol Omar Fraile était arrivé en solitaire sur les hauteurs de Mende.

Néophyte du Tour mais déjà vainqueur de deux étapes de la Vuelta en 2016, dont la dernière à Madrid, Cort Nielsen a bénéficié de la collaboration des deux coureurs présents avec lui dans les 7 derniers kilomètres: le Néerlandais Bauke Mollema, qui avait attaqué en premier, et l'Espagnol Ion Izagirre.

Le final très tactique a frustré Lilian Calmejane, présent lui aussi dans l'échappée. Après l'arrivée, le « régional » s'est effondré en larmes.

Comme la veille sur la route de Mende, le peloton a laissé filer une grosse échappée, 29 coureurs, après un début d'étape très animé.

« Ils m'ont enterré »

Dans la montée du Pic de Nore, la principale difficulté du jour, le Polonais Rafal Majka s'est dégagé pour rejoindre et distancer un duo français (Julien Bernard, Fabien Grellier). Il a basculé en tête au sommet, avant les 40 derniers kilomètres, et a insisté dans la descente jusqu'à 14 kilomètres de l'arrivée.

La jonction effectuée avec le double meilleur grimpeur du Tour (2014 et 2016), le groupe de tête s'est disputé la victoire.

Le Néerlandais Bauke Mollema a attaqué à 7 kilomètres mais a emmené avec lui deux coureurs plus rapides que lui, Cort Nielsen et l'Espagnol Ion Izagirre (2e).

Le Français Lilian Calmejane, membre de l'échappée, n'a pu lutter pour la victoire dans les derniers kilomètres. En larmes, le Tarnais, qui évoluait en partie sur les routes de son département, a pris la 7e place.

« Je ne comprends pas les tactiques de certaines équipes », a réagi à chaud Calmejane qui a mis en cause l'équipe Trek de Mollema. « Ils ont joué avec mes nerfs. Ils ont préféré faire troisième avec Mollema, ils m'ont enterré ».

« C'est la détresse qui parle », a reconnu le Français qui est revenu par la suite, au calme, sur sa stratégie aventureuse en cours d'étape. Il s'était risqué à tenter un raid à plus de 100 kilomètres de l'arrivée... contre l'avis de son équipe Direct Energie.

« Je me suis laissé griser par le public, mon public. Mais c'était très loin de l'arrivée. Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça, je cours à l'instinct », a reconnu Calmejane, vainqueur de l'étape des Rousses.

« Je me suis fait engueuler dans les oreillettes, du coup je les ai enlevées », a ajouté le leader de son équipe. « C'est mon tempérament. »

Les coureurs du classement général sont restés sur le statu-quo. À l'exception de l'Irlandais Dan Martin qui a pris les devants sur le peloton, dans la première partie du Pic de Nore. Mais il a été rejoint au bas de la descente.

Quant au Français Romain Bardet, tenté d'accélérer dans la descente, il n'a pas insisté après avoir fait un léger écart dans un virage.

Le Tour observera lundi sa seconde journée de repos avant la 16e étape menant à Bagnères-de-Luchon.

Moscon, un coéquipier de Froome, exclu pour violence

L'Italien Gianni Moscon, un coéquipier de Chris Froome dans la formation Sky, a été exclu du Tour de France pour une altercation dimanche pendant la 15e étape, a-t-on appris de source officielle.

Moscon s'en est pris à un autre coureur en début d'étape, peu après le départ de Millau.

Selon les précisions d'un officiel à l'AFP, l'Italien a tassé un coureur de l'équipe Fortuneo, qui voulait protéger la tentative d'échappée de son leader Warren Barguil et a commis un geste violent.

L'incident a été qualifié d'« agression particulièrement grave » et le jury des commissaires a tranché en début de soirée.

Moscon, 24 ans, a déjà été crédité de plusieurs incidents par le passé, bien qu'il n'en soit qu'à sa troisième saison dans le peloton professionnel sous les couleurs de Sky.

L'année passée, le Trentin a été suspendu en interne par sa propre équipe, au printemps, après des insultes racistes à l'égard du Français Kevin Reza.

En fin de saison, il a été accusé par le Suisse Sébastien Reichenbach, qui avait soutenu Reza, d'avoir provoqué sa chute dans une course en Italie (Trois Vallées Varésines). Mais il n'a finalement pas été sanctionné par la commission de discipline de l'Union cycliste internationale (UCI), qui a rendu son verdict le mois dernier, semble-t-il faute de preuves.

« Gianni et l'équipe ont toujours contesté ces accusations », avait alors réagi Sky. « Nous soutenons Gianni. Nous sommes ravis qu'il puisse tirer un trait sur cette affaire. C'est un jeune coureur talentueux qui va beaucoup nous apporter ces prochaines années ».

Moscon s'est mis en évidence l'an passé, tant dans les classiques (5e de Paris-Roubaix, 3e de la Lombardie), que dans la Vuelta, dans laquelle il a travaillé pour Froome.

L'Italien disputait son premier Tour de France.

Après cette mise hors course, les deux leaders de Sky, le maillot jaune Geraint Thomas et le vainqueur sortant Chris Froome, n'ont plus que cinq coéquipiers (Bernal, Castroviejo, Kwiatkowski, Poels et Rowe).