Surprise de taille dans le monde du cyclisme québécois: après cinq années avec l'équipe française AG2R La Mondiale, où il s'est bâti une belle réputation, Hugo Houle portera de nouvelles couleurs la saison prochaine. Tout indique que le cycliste de Sainte-Perpétue s'alignera pour Astana, formation kazakhe évoluant aussi dans le circuit WorldTour et qui roule sur les vélos québécois Argon 18.

«Je pars pour une nouvelle aventure», a résumé Houle, joint hier soir en Espagne, où il dispute la Vuelta.

À sa cinquième saison chez AG2R, avec qui il a également pris part à deux Tours d'Italie, l'athlète de 26 ans a senti le besoin d'aller voir ailleurs. Son contrat de deux ans vient à échéance à la fin de l'année et l'équipe du manager Vincent Lavenu l'aurait volontiers repris dans ses effectifs, mais l'appel de la nouveauté était trop fort.

«Honnêtement, j'avais vraiment tout ce dont j'avais besoin pour m'épanouir avec AG2R, a souligné Houle. Ils m'ont pris sous leurs ailes et m'ont formé, si on veut, au niveau WorldTour. J'ai de très bonnes relations avec tout le monde, dont Vincent Lavenu, avec qui j'ai discuté. C'est un choix personnel.»

L'olympien de Rio quitte donc « une position confortable » pour embrasser «un nouveau défi». «C'est surtout l'envie de découvrir un autre environnement, d'autres individus, de nouvelles méthodes de travail. C'est aussi une façon de découvrir une autre culture. Ça fait cinq ans que je suis intégré à la culture française. Les valeurs sont différentes de celles de l'Amérique du Nord. Je pense que ça m'a fait grandir. Je veux sortir de ma zone de confort.»

Ce n'est pas sans un pincement que le Québécois quittera AG2R, qu'il compare à «une grande famille». À la fin de 2012, Lavenu lui avait tendu la main après la mort tragique de son jeune frère Pierrik, happé par un chauffard en état d'ébriété alors qu'il joggait. Hugo revenait tout juste de son premier camp en Europe.

«On m'a toujours fait confiance et respecté. À ma première année, je ne peux pas dire que j'ai eu des performances exceptionnelles. Ils m'ont quand même donné une deuxième chance. Vincent est un gentleman. Il a le coeur sur la main. Ce sont des actes qui m'ont touché.»

«Discussions avancées» avec Astana

À moins d'un revirement de situation, Houle évoluera pour Astana en 2018. Sans rien vouloir confirmer, il a reconnu avoir eu des «discussions assez avancées» avec la direction de l'équipe. «Il n'y a rien de signé à l'heure actuelle», a-t-il précisé.

Le directeur sportif Dmitriy Fofonov a rencontré Houle au départ du Tour d'Espagne. «On devra se rasseoir après la Vuelta pour mettre les choses au point, mais si on s'est rencontrés, c'est parce qu'on avait des intérêts communs pour poursuivre la route ensemble», a indiqué Fofonov, présent à Québec pour le Grand Prix de demain. «Seulement, on ne veut pas perturber les coureurs pendant qu'ils sont en course.»

Si tout se passe comme prévu, Houle retrouvera la marque de vélo Argon 18, qu'il chevauchait à l'époque où il évoluait avec SpiderTech. Premier Tech, une firme de produits horticoles et agricoles de Rivière-du-Loup, est un autre commanditaire d'Astana.

«C'est une décision avant tout sur le plan sportif», a insisté Gervais Rioux, propriétaire et fondateur d'Argon 18. «Il n'y a rien dans notre contrat qui oblige Astana à engager un coureur canadien. Mais si ça se concrétise, c'est certain que ça nous fera plaisir. Tant que ce n'est pas signé, on ne sait pas ce qui peut arriver.»

La nationalité de Houle est un plus, mais ce sont surtout ses performances et sa personnalité qui ont convaincu Fofonov. «Tout ce que j'ai entendu au sujet d'Hugo, c'est qu'il est un gars sérieux, qui bosse bien et progresse bien», a indiqué le directeur sportif, qui s'en est enquis auprès de Lavenu.

Blessé à un coude après une chute à la première semaine, Houle poursuit sa route au Tour d'Espagne, où il occupe le 112e rang au classement général. Après l'arrivée à Madrid, dimanche, il pourra songer à la prochaine étape de son parcours cycliste.

«Une carrière, ça passe vite, a noté Houle. Quand tu regardes dans le rétroviseur, ça fait déjà cinq ans que je suis avec AG2R. On dirait que je suis arrivé hier. C'était le moment de me demander si je faisais toute ma carrière là. J'aurais peut-être eu des regrets de ne pas savoir comment ça fonctionne ailleurs.» Avec Astana, il espère franchir un autre pas.