Le Galibier a sorti du podium du Tour de France le champion d'Italie Fabio Aru, la victime de la 16e étape qui a laissé aux commandes le Britannique Chris Froome, mercredi, à Serre-Chevalier.

Si la victoire est revenue à Primoz Roglic, premier Slovène vainqueur dans l'histoire du Tour, la lutte s'est encore intensifiée pour le podium, à quatre jours de l'arrivée à Paris.

Le Colombien Rigoberto Uran, deuxième de l'étape à 1 min 13 s de Roglic, s'est emparé de la deuxième place, à égalité de temps avec le Français Romain Bardet, à 27 secondes de Froome. Tous deux sont départagés par les centièmes de seconde du contre-la-montre de Düsseldorf (82 pour le Colombien, 86 pour le Français).

En sprintant pour la deuxième place devant Froome, Uran a grignoté 6 secondes à Bardet. «Il n'a pas beaucoup attaqué aujourd'hui. Il se contente de suivre et de faire les "bonifs" à l'arrivée», a pesté le Français, le coureur le plus offensif du groupe des favoris dans le Galibier.

Aru a peiné à chaque accélération de Bardet, à la différence d'Uran et aussi de Froome, bien que le Britannique n'ait pas semblé souverain. Il a fini par lâcher prise dans le dernier kilomètre, entre deux rangs serrés de spectateurs.

Au sommet, à 2642 mètres d'altitude, soit le point le plus haut de cette édition, le champion d'Italie a basculé à une quinzaine de secondes.

Dans la longue descente (28 km), le groupe du maillot jaune, souvent mené par Warren Barguil, a creusé l'écart, sous les yeux du président de la République Emmanuel Macron, qui a assisté aux 60 derniers kilomètres de l'étape.

Au classement, Aru, grand perdant de cette première des deux journées alpestres, est désormais pointé à 53 secondes.

«J'avais la prochaine étape à l'esprit», a réagi Froome, en faisant référence à l'arrivée au sommet de l'Izoard. «Je m'attendais à ce que Bardet et Uran soient devant. Mais je ne pensais pas qu'Aru lâcherait un peu de temps.»

«J'ai de meilleures jambes que dans les Pyrénées», a ajouté le Britannique, qui avait cédé du lest à la précédente arrivée au sommet à Peyragudes.

Roglic pour une «première»

Dans cette étape de 183 kilomètres, l'Espagnol Alberto Contador, qui dispute en principe son dernier Tour à 34 ans, a lancé une offensive de grand style dès le pied de la Croix-de-Fer à... 128 kilomètres de l'arrivée.

Le double vainqueur de l'épreuve (2007, 2009) est revenu sur l'échappée initiale. Il a fait rouler ses équipiers (Pantano puis Mollema) dans la Croix-de-Fer puis le Télégraphe.

Mais, dans le Galibier, l'un des cols les plus durs des Alpes, Contador, pas plus que ses compagnons (Frank, Atapuma, Pauwels, Navarro), n'a pu suivre Roglic, qui a attaqué à 6,5 kilomètres du sommet.

«C'est dommage, je n'étais pas dans la première échappée», a regretté le «Pistolero», dont le dernier succès d'étape dans le Tour date de 2010. «J'ai fait un contre-la-montre et je l'ai payé dans le Galibier.»

Venu du saut à ski dont il a été champion du monde junior, Roglic (27 ans) s'est imposé pour la première fois dans le Tour, auquel il participe pour la première fois. L'an passé, il avait gagné un contre-la-montre du Giro pour ses débuts dans un grand tour.

L'étape a provoqué l'abandon de Thibaut Pinot, fiévreux. Quatrième du Giro en mai, le grimpeur français n'a jamais retrouvé son niveau depuis le départ de ce Tour.

L'Allemand Marcel Kittel a renoncé quelques instants après Pinot. Victime d'une chute en début d'étape, Kittel, coude droit abîmé, a laissé tout espoir de ramener à Paris le maillot vert, désormais promis à Michael Matthews à condition que l'Australien rallie la capitale.

Jeudi, les grimpeurs abattent leur dernière carte dans la 18e étape longue de 179,5 kilomètres entre Briançon et col d'Izoard. L'ascension finale, la dernière du Tour 2017, mène à l'altitude de 2360 mètres, dans un site grandiose.