Le cycliste Romain Bardet connaît jusqu'ici une excellente saison 2016. Le Français de 25 ans compte bien profiter de sa participation aux Grands Prix de Québec et de Montréal, les 9 et 11 septembre, pour poursuivre sur sa lancée.

Après avoir pris la cinquième et la septième places du Grand Prix de Montréal en 2014 et 2015, Bardet est maintenant prêt à grimper sur le podium.

«J'espère vraiment. C'est une course que je commence à bien connaître, à davantage maîtriser, a souligné le natif de Brioude en téléconférence, mercredi matin.

«Dans le dernier tour, on se rend compte qu'il y a un petit groupe qui arrive à se détacher. Je mise là-dessus et je souhaite des conditions difficiles, à l'image de l'an dernier, pour pouvoir sortir du lot. À Montréal, il y a vraiment des choses à explorer et une très belle classique que j'espère remporter.»

Il ne promet toutefois rien pour l'étape de Québec.

«Montréal, ça me convient mieux en raison de la (Voie Camilien-Houde), qui est bien plus longue (que l'ascension de) Québec. L'étape de Québec - ce sera encore le cas cette année - est ma course de reprise. Les jambes manquent un peu de vitesse et ne sont pas aussi bonnes qu'à Montréal, deux jours plus tard.

«À Montréal, ce sont la répétition et le dénivelé total qui me permettent de m'exprimer. Même si j'aime une distance supérieure, 200 km sur un circuit aussi sélectif, ça me convient bien. J'ai d'excellents souvenirs de l'an dernier, nous avons vraiment eu une course grandiose dans des conditions difficiles qui ont donné un relief supplémentaire à l'étape. C'est vraiment une course par élimination, l'une des plus belles auxquelles j'ai participé. Ça été une course sans relâche, où les plus forts ont émergé à la fin. Chaque année, Montréal est une course qui me motive.»

Il est beaucoup moins enchanté par le parcours qui sera utilisé aux Championnats du monde, au Qatar en octobre, auxquels il ne compte pas participer.

«Pas du tout! Ce n'est pas un parcours qui ne me correspond pas. Au Qatar, ce sera l'affaire des rouleurs et des sprinters.»

Repos salutaire

Le grimpeur a poursuivi son ascension dans la hiérarchie mondiale en 2016, alors qu'il a été l'un des rares capables de bousculer Chris Froome, que ce soit au Critérium du Dauphiné ou sur le Tour de France, où il a pris la deuxième place derrière le Britannique. Bardet, également deuxième au Tour d'Oman, a enlevé la 19e étape de la Grande Boucle, en plus de terminer neuvième à la Classique Paris-Nice. Après ce début de saison occupé, il a dû faire une pause.

«J'ai eu besoin de me régénérer à la fois physiquement et moralement à la suite d'un début d'été assez éprouvant. Maintenant, en tant que compétiteur, il me tarde de raccrocher un dossard et d'avoir des objectifs un petit peu plus concrets, car je ne vous cacherai pas que je trouve le temps un petit peu long. J'ai pu me préparer depuis quelques semaines et j'ai hâte à la fin de saison. Je reprends par les Grands Prix de Québec et Montréal, des courses que j'apprécie en raison de l'ambiance et de leur topographie. Elles me réussissent pas mal. Chaque année, je connais une progression à ces Grands Prix et je suis content d'à nouveau tenter ma chance.»

Après la course sur route des Jeux de Rio - où il a pris la 24e place, le 6 août - Bardet est retourné en France. S'il a repris l'entraînement depuis peu, il a pris une pause afin de mieux gérer le retour en Europe après les courses en territoire québécois.

«On nous facilite la tâche pour nous aider à gérer ce voyage: on part dans de bonnes conditions, suffisamment tôt avant la course, a-t-il souligné, remerciant au passage les organisateurs. C'est vrai que ce n'est pas anodin de traverser l'Atlantique, mais ce n'est pas tant à l'aller qu'au retour, pour reprendre nos habitudes, où c'est plus délicat. On doit sacrifier quelques compétitions au retour. Ça explique pourquoi mes résultats sont un petit peu décevants après les courses canadiennes, très exigeantes en énergie. Le décalage ajoute une fatigue supplémentaire, qu'on doit gérer. De multiplier ces voyages pendant la saison, c'est un choc pour l'organisme. Par le passé, j'ai sous-estimé ces impacts.»

Une pensée pour Houle

Bardet a le plus grand respect pour Hugo Houle, son coéquipier au sein de l'équipe AG2R-La Mondiale. Sachant pertinemment que les étapes de Québec et Montréal représentent beaucoup pour le cycliste québécois, Bardet n'exclut pas que l'équipe l'accommode s'il se retrouve en bonne position en fin de parcours.

«Il apporte beaucoup de joie de vivre au quotidien dans le groupe, a-t-il dit au sujet de son coéquipier. C'est une chance de l'avoir dans l'équipe, à fortiori quand on vient pour ces classiques: c'est une vedette locale, il y a toujours une ferveur autour des coureurs locaux. C'est une course qui lui va bien. Il aura sa chance. J'espère que par son tempérament offensif et ses capacités de rouleur qu'il pourra réjouir ses supporters.»

Il lui souhaite d'ailleurs de participer à la prochaine édition de la Grande Boucle.

«J'espère, ce serait une évolution logique pour lui. Il le mérite: il a fait ses classes sur le Giro et les classiques. Il a tous les ingrédients pour être un coureur-référence, un capitaine pour m'accompagner sur les routes du Tour. Je pense qu'il fait du très bon travail dans le groupe pour répondre aux objectifs de l'équipe en juillet. Maintenant, à 26 ans, il arrive à maturité et son tour devrait venir rapidement.»