Karol-Ann Canuel n'avait qu'un souhait avant de toucher le bitume de Ponferrada à la course sur route des Championnats du monde: celui de protéger sa tête et son cou, sérieusement blessés lors d'un accident au début de juin.

Elle a échappé au pire lors de cette spectaculaire chute collective, mais ça a tapé fort, samedi, en Espagne. Canuel a glissé sur plusieurs mètres avant de s'immobiliser, les pieds encore fixés sur ses pédales, tentant d'éviter d'autres cyclistes qui arrivaient de l'arrière. Assise à ses côtés, sa coéquipière Lex Albrecht, la seule des quatre Canadiennes qui a pu poursuivre l'épreuve, lui a demandé si ça allait.

«Je ne pouvais pas bouger. Je savais que ce n'était pas correct», a relaté Canuel au téléphone hier matin, au lendemain de son retour au pays.

Ce devait être un retour triomphal pour la représentante de la formation Specialized-Lululemon, qui est devenue la toute première Québécoise championne du monde sur route après sa victoire au contre-la-montre par équipes, le 21 septembre. Elle a frappé un autre grand coup deux jours plus tard avec une sixième place-surprise au contre-la-montre individuel, qui en fait une sérieuse prétendante pour les prochains grands rendez-vous, comme les Jeux olympiques de Rio de Janeiro.

Ses Mondiaux ont cependant pris une tournure dramatique à la course sur route, où elle a été impliquée dans un carambolage au deuxième tour. «Ça tombait de partout et il n'y avait aucune place où aller», s'est souvenue Canuel.

La cycliste originaire de l'Abitibi s'est retrouvée dans une ambulance avec sa compatriote Leah Kirchmann, victime d'une fracture à une clavicule, et l'Américaine Mara Abbott, couchée sur une civière et immobilisée dans un collier cervical. «Je n'avais pas à me plaindre, mais le plus drôle, c'est que c'est moi qui suis restée le plus longtemps à l'hôpital!», a expliqué celle qui a passé deux jours et demi «coupée du monde», à ne pas bouger, à l'Hospital del Bierzo de Ponferrada.

Une fracture à un os du bassin

Elle espérait que ses douleurs soient attribuables à une simple blessure musculaire, mais les radiographies ont révélé une fracture à un os du bassin, sur le côté droit. «Quand ils m'ont dit "fracture", ça m'a vraiment fait mal au coeur. Je n'avais pas besoin de ça. Mais je sais que ça ne prendra pas de temps de récupérer de ça. En tant qu'athlète, je pense qu'on récupère plus facilement. Et ma saison est terminée de toute façon, ça me dérange un peu moins.»

Après l'entrevue, Canuel a rencontré un médecin dans un hôpital d'Ottawa. Celui-ci lui a confirmé la nature de la blessure, estimant qu'elle pourra recommencer à marcher et à nager d'ici deux à quatre semaines. En attendant, l'athlète devra se déplacer en béquilles ou en fauteuil roulant. «Ça va de mieux en mieux et je suis maintenant capable de mettre un peu de poids sur ma jambe droite», a précisé la bachelière en sciences infirmières.

Canuel n'en est pas à sa première rééducation. Le 1er juin, elle s'est fracturé une vertèbre cervicale et une côte en plus de subir une commotion cérébrale lors d'une chute à la Liberty Classic de Philadelphie. Moins de trois mois plus tard, elle a connu les plus beaux moments de sa carrière aux Mondiaux.

«Ça augure bien pour les deux prochaines années, surtout Rio 2016, a anticipé l'athlète de 26 ans. Je sais que je peux encore m'améliorer et c'est le fun de voir que j'ai fait ma place dans l'élite mondiale. Ça fait tellement longtemps que je fais du vélo. C'est cool d'avoir des résultats comme ça.» De quoi la motiver à retourner en selle le plus tôt possible.