Pendant qu'au Canada l'attention était tournée vers le Grand Prix cycliste de Montréal, un Québécois bouclait le Tour d'Espagne à Saint-Jacques-de-Compostelle, dimanche. Heureux d'y être parvenu, Guillaume Boivin refuse néanmoins de considérer ce premier grand Tour complété comme un exploit, surtout en cette période où il est préoccupé par son avenir dans le sport.

«C'est comme le minimum qui est attendu de nous, a estimé le cycliste de Cannondale, joint hier en Italie. À la fin de la journée, c'est notre job, il faut au moins être capable de faire ça. À moins d'un problème de santé ou d'une blessure, tu devrais être capable de compléter les courses à ce niveau-là. Personnellement, c'est comme ça que je le vois.»

N'empêche que les trois semaines de course, au cours desquelles la chaleur et la haute montagne étaient à l'honneur, n'ont pas été une sinécure pour le sprinter de 25 ans, qui a terminé 149e au classement général, à 4h41 min 16 s du gagnant, l'Espagnol Alberto Contador.

Après avoir affiché de grandes ambitions avant le départ - il ne visait rien de moins qu'une victoire d'étape -, Boivin juge «très moyenne» sa prestation générale à la Vuelta. Il retient deux éléments positifs: la deuxième place de Cannondale au contre-la-montre par équipes inaugural, à six secondes de la victoire, et sa neuvième place à la 12e étape, marquée par une chute à la flamme rouge.

Dans les étapes montagneuses, Boivin a fait son possible pour aider son coéquipier Damiano Caruso (9e), avant de se relever. «J'ai mes limites dans les étapes de montagne», a admis celui qui avait dû abandonner la Vuelta l'an dernier après une chute à la 10e étape. «C'est loin d'être facile. Je ne cacherai que dans certaines étapes, j'ai fait mon temps, pas mal comme tous les autres qui étaient dans le gruppetto avec moi.»

À la recherche d'un contrat



À mi-chemin de la Vuelta, l'ancien médaillé de bronze des Mondiaux U23 a obtenu la confirmation de ce qu'il redoutait depuis l'annonce de la fusion entre Cannondale et Garmin-Sharp: son contrat ne sera pas renouvelé pour 2015.

Le moral en a pris un coup. «C'est quand même très stressant», a dit en soupirant celui qui se plaisait dans l'environnement de cette formation italienne, propriété de la multinationale montréalaise Dorel. «Il commence à se faire tard et je ne suis pas le seul dans cette situation. J'espère réussir à trouver un contrat pour que cette Vuelta ne soit pas mon premier et dernier grand Tour.»

Quelques équipes du WorldTour ont manifesté de l'intérêt, mais il est difficile d'en évaluer l'authenticité, constate Boivin. «Tu ne sais jamais si l'intérêt est réel ou si les équipes veulent se garder des portes ouvertes. Dans le fond, elles attendent pour nous faire stresser le plus possible et nous faire signer avec le moins d'argent possible. Avec ce que j'ai appris dans le cyclisme, il n'y a pas de paroles qui valent grand-chose avant qu'il y ait une signature en bas d'un contrat. Même là, tu peux avoir de mauvaises surprises.»

Il fait référence à la disparition soudaine de SpiderTech à l'automne 2012, un mois après que la majorité des coureurs eurent signé un contrat. L'ex-formation canadienne avait néanmoins respecté ses engagements contractuels et permis à Boivin d'intégrer le peloton WorldTour avec Cannondale.

«J'espère que ça va se régler parce que je n'en ai pas encore fini avec le cyclisme, a-t-il affirmé. Je veux continuer pour me prouver et prouver à tout le monde que je suis capable de courir à ce niveau-là.»

Demain, Boivin prendra le départ des Tre Valli Varesine, course 1.HC remportée par David Veilleux en 2012. Samedi, il s'alignera au Memorial Marco Pantani (1.1).