Assis sur le cadre de son vélo, un maillot de l'équipe nationale sur les épaules, Antoine Duchesne méditait sur son avenir après avoir terminé le Grand Prix cycliste de Québec au 81e rang, il y a un an. Sans contrat pour la saison suivante, le talentueux jeune homme ne cachait pas son inquiétude devant la rareté des postes dans un peloton professionnel voué à l'attrition.

Douze mois plus tard, le portrait a bien changé. Vendredi, Duchesne célébrera son 23e anniversaire en participant à son troisième GP de Québec, sa ville d'adoption. Après un premier essai avec SpiderTech (109e en 2012) et un autre avec l'équipe canadienne, il courra cette fois sous les couleurs vert forêt d'Europcar, formation française intégrée cette année au circuit WorldTour.

Après une saison complète au plus haut niveau du cyclisme, il aborde l'épreuve de 199,1 km dans un état d'esprit différent. «Je vais arriver un peu plus confiant, anticipait Duchesne dans une entrevue téléphonique récente. Je serai moins impressionné par les autres coureurs et plus en mesure de prendre ma place. Avec plus de force et d'expérience, j'espère pouvoir réussir quelque chose de bien.»

Sans bénéficier du statut de coureur protégé, qui échoira probablement à Cyril Gautier, Bryan Coquard ou Kevin Reza, le Québécois souhaite obtenir l'occasion de s'exprimer dans un rôle d'«électron libre». «Ce ne sera peut-être pas ce qui va arriver, mais j'ai quand même fait mes preuves et l'équipe est assez gentille», souligne l'ancien double champion canadien U23. «Les dirigeants savent que c'est chez nous. Je ne risque pas d'avoir à faire la grosse "job plate" en début de course et finir après 150 bornes parce que j'aurai trop travaillé.»

Des preuves comme une solide prestation générale au Tour de Wallonie (52e), où il s'est montré en échappée avec son compatriote Hugo Houle (AG2R La Mondiale), et une belle deuxième place à la Polynormande, une classique de la Coupe de France réputée sélective. Échappé presque toute la journée, il s'est détaché avec 5 km à faire avant de trouver plus fort que lui dans les derniers hectomètres.

Problèmes de santé

Il comptait concrétiser cette bonne forme à l'Eneco Tour, épreuve WorldTour disputée en Belgique et aux Pays-Bas, mais il est arrivé amaigri de deux kilos en raison de problèmes gastriques qui l'empêchaient de manger.

Pour la bonne mesure, il a violemment frappé le sol à la suite d'une bête chute lors de la deuxième étape. Touché au tendon du genou droit, il a été contraint à l'abandon deux jours plus tard, au moment où la course abordait sa portion plus accidentée, qui aurait pu sourire au Québécois. «J'étais très déçu parce que je me sentais vraiment en forme pour ces étapes-là», regrette celui qui sortait d'une séance de physiothérapie au moment de l'interview, une visite qu'il comptait répéter d'ici vendredi.

Rassuré par sa tenue à la Vattenfall Cyclassics de Hambourg, qu'il a conclue dans le premier groupe, et au Tour du Poitou-Charentes (46e), Duchesne croit que cet arrêt forcé lui sera favorable cette semaine. «Sinon, j'aurais fait 20 jours de course dans le mois et j'aurais pu être un peu fatigué.»

À l'approche de l'automne, l'athlète de Chicoutimi n'excluait pas la possibilité que sa saison se termine dimanche à Montréal. Si l'équipe a besoin de lui, il retournera le mois prochain en Europe pour disputer quelques courses, dont Paris-Tours.

En attendant, trois cours de marketing l'attendent à l'Université Laval. «On ne sait jamais quand ça peut finir, dit Duchesne. Si je m'étais explosé le genou en huit morceaux et que je n'avais plus été capable de faire de vélo de ma vie...» Comme quoi il n'est jamais trop tôt pour préparer son avenir.