Le peloton des cinquièmes Grands Prix cyclistes de Québec et de Montréal pourrait souffrir la comparaison avec celui de l'an dernier.

En 2013, la présence du Britannique Christopher Froome, fraîchement auréolé de sa victoire au Tour de France, et de trois de ses prédécesseurs au palmarès, l'Australien Cadel Evans, le Luxembourgeois Andy Schleck et l'Espagnol Alberto Contador, avait frappé l'imaginaire, même si le quatuor n'avait pas forcément pesé sur les courses.

Ce n'est pas le cas de l'explosif Slovaque Peter Sagan, qui avait animé l'épreuve à Québec (10e) avant de s'imposer à Montréal deux jours plus tard, quatre ans après sa deuxième place derrière le Néerlandais Robert Gesink lors de l'épreuve inaugurale. Le même Gesink a réalisé un doublé inédit en s'imposant à Québec l'an dernier.

Tous ces coureurs brilleront par leur absence aux prochains GP de Québec (le 12 septembre) et de Montréal (le 14 septembre) puisqu'ils participent actuellement au Tour d'Espagne, le troisième Grand Tour de la saison qui se conclura le 14 septembre à Saint-Jacques-de-Compostelle. Même chose pour le Belge Philippe Gilbert, gagnant à Québec en 2011, le Canadien Ryder Hesjedal, troisième à Montréal l'an dernier, et le Colombien Nairo Quintana, vainqueur du Giro.

Manifestement, la Vuelta a encore la cote comme épreuve préparatoire pour les Championnats du monde, qui auront justement lieu cette année en Espagne, à Ponferrada, du 21 au 28 septembre.

Le Portugais Rui Costa a cependant prouvé l'an dernier que les GP pouvaient servir de tremplin pour les Mondiaux, lui qui s'est imposé à Florence après un passage concluant au Canada (5e et 6e). Le champion du GP de Montréal 2011 sera d'ailleurs de retour dans ses couleurs arc-en-ciel pour l'équipe Lampre-Merida. Son coéquipier Chris Horner sera là pour l'épauler. L'Américain de 42 ans ne peut défendre son titre à la Vuelta après son retrait de dernière minute en raison d'un taux de cortisol trop bas.

La direction des GP dévoilera demain le nom des engagés. «J'ai la liste devant moi et je ne rougis pas du tout par rapport au peloton qui est présentement au Tour d'Espagne», a affirmé le vice-président exécutif Marcel Leblanc, hier après-midi. «Il y a 6 des 15 premiers coureurs au classement WorldTour qui seront chez nous, le même nombre qu'à la Vuelta.»

L'équipe française AG2R La Mondiale, révélation du Tour, arrivera remplie d'ambitions. En plus de Jean-Christophe Péraud, deuxième de la Grande Boucle, elle comptera sur Romain Bardet (6e), Blel Kadri, gagnant d'étape à Gérardmer, et le vétéran Christophe Riblon. Sans oublier le Québécois Hugo Houle.

Tony Gallopin (Lotto-Belisol), porteur du maillot jaune et gagnant d'étape, sera un autre Français à surveiller. Blessé, Thomas Voeckler, titré à Québec en 2010, a dû déclarer forfait. Ses jeunes coéquipiers Bryan Coquard et le Québécois Antoine Duchesne seront là pour représenter Europcar.

L'Australien Simon Gerrans (Orica GreenEDGE), couronné à Québec en 2012, et les Norvégiens Alexander Kristoff (Katusha), double vainqueur d'étape au Tour, et Lars Petter Nordhaug (Belkin), gagnant surprise à Montréal en 2012, seront aussi de la partie pour les seules épreuves du World Tour présentées en Amérique.

Par ailleurs, le Tour de Grande-Bretagne (du 7 au 14 septembre), dont la sanction a été bonifiée par l'Union cycliste internationale (2.HC), s'est assuré la présence de deux de ses vedettes locales, Bradley Wiggins, gagnant du Tour 2012, et l'as sprinteur Mark Cavendish.

Nibali en Italie

Il serait malavisé d'interpréter l'absence de ces vedettes comme le signe d'une désaffection pour les deux courses québécoises, qui exercent déjà un attrait réel dans le peloton international par la qualité générale de leur organisation et de leurs parcours et la quantité de points en jeu (80 au gagnant de chaque épreuve).

De toute façon, la licence du circuit World Tour, valide jusqu'en 2016, garantit la présence des 18 meilleures équipes du monde. Des raisons circonstancielles, de santé, d'état de forme, stratégiques, d'objectifs, de types de coureurs ou même commerciales peuvent influer sur le choix des équipes.

Ainsi, Vincenzo Nibali, dont l'équipe avait laissé planer la possibilité de sa présence aux GP il y a quelques mois, n'y sera pas. L'Italien a assurément été inondé de demandes depuis sa victoire au Tour de France le mois dernier. Le grimpeur d'Astana est d'ailleurs en voyage au Kazakhstan pour rencontrer les commanditaires de la formation. Il doit effectuer sa rentrée à la Coppa Bernocchi le 16 septembre avec l'objectif de briller aux Mondiaux et au Tour de Lombardie.

Les événements du dernier Tour, comme les abandons hâtifs de Froome et Contador, «ont changé beaucoup de choses», constate Marcel Leblanc. «Ils se sont préparés pour un tour de 3 semaines et ils ont couru à peu près 10 jours, relève le vice-président. Je présume qu'ils imaginent avoir des chances de faire quelque chose en Espagne.»

Quant à Sagan, dont la présence au Québec était attendue, il se serait ravisé après avoir été privé de victoire d'étape sur le Tour. «Être lui, c'est ce que je ferais, a admis Serge Arsenault, président des GP. En Espagne, il a 21 chances de gagner une étape. Ici, il en a une et demie.»

Parlant d'un «beau partage» avec la Vuelta, le promoteur se dit «très satisfait, très heureux» de la réponse des 22 équipes: «Les loups, ceux qui ont encore la rage au corps, seront ici.» Seulement, la majorité sera moins connue du grand public.

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Langsois et Naud dans l'équipe de Bauer

Le vétéran Bruno Langlois et le jeune Abitibien Pierrick Naud figurent parmi les huit coureurs de l'équipe nationale canadienne qui sera dirigée par Steve Bauer lors des Grands Prix de Québec et de Montréal.

Pour Langlois, qui a pris part à l'une ou l'autre des courses chaque année depuis 2010, sa sélection représente un «privilège».

«C'était un objectif que je m'étais fixé et je suis content de l'avoir atteint, même si je n'ai peut-être pas eu les meilleurs résultats cette année, a souligné l'athlète de 35 ans. Il y a beaucoup de jeunes qui poussent. Je pense que mon expérience va profiter à l'équipe.»

Langlois a connu le plus beau moment de sa carrière en étant sacré meilleur grimpeur au GP de Québec 2012.

Après un Tour de Qinghai Lake, en Chine, qu'il a comparé à un «enfer», le représentant de l'équipe américaine 5-hour Energy espère affiner un état de forme qu'il juge excellent au Tour de l'Alberta la semaine prochaine.