Pour certains, c'est une chanson de Joe Dassin. Pour d'autres, c'est le passage obligé d'une virée à Paris. Pour Jean-Christophe Péraud, les Champs-Élysées représentent le moment où son parcours d'athlète est passé de l'ombre à la pleine lumière.

Rares étaient ceux qui voyaient Péraud monter sur le podium au terme du dernier Tour de France. La France attendait les jeunes de la «nouvelle génération» Thibaut Pinot ou Romain Bardet. Le 27 juillet dernier, c'est finalement Péraud, 37 ans, qui a terminé second derrière Vincenzo Nibali. Aucun Français n'avait atteint le podium du Tour depuis 1997 et Richard Virenque.

Du jour au lendemain, il s'est retrouvé porte-étendard du renouveau du cyclisme français. Péraud a aussi acquis le statut de tête d'affiche. À preuve, c'est lui que les Grands Prix cyclistes de Québec et de Montréal ont désigné jeudi comme leur premier coureur de marque confirmé. Il sera des courses québécoises les 12 et 14 septembre.

«Malheureusement, je ne pense pas être un favori pour ces courses. Il me manque un petit peu de vitesse pour ce genre d'épreuves, a humblement prédit Péraud, jeudi, lors d'une entrevue téléphonique. Ça risque de finir en petits groupes et je suis rarement le plus rapide dans ce genre de situations.»

Depuis sa deuxième place au Tour, il doit signer plus d'autographes que jamais et les médias s'intéressent à lui. Sinon, dit-il, rien n'a changé dans sa vie. «Rien du tout, et c'est très bien comme ça. Ça me dérangerait d'avoir à changer des choses», dit-il.

Car le coureur cycliste, passé chez les pros à l'âge improbable de 33 ans, fait partie de ces athlètes pas tout à fait en phase avec l'idée du sport-business. Il n'est pas l'homme des grandes déclarations. Sa priorité va à sa famille, sa femme et ses deux enfants. Il roule en Citroën.

Sortir de l'ombre

Même son parcours s'est fait largement dans l'ombre. Diplômé de l'Institut national des sciences appliquées, il a entamé sa carrière sportive à temps partiel. Le matin, il travaillait chez Areva, une entreprise qui oeuvre dans l'énergie nucléaire. L'après-midi, il s'échinait sur son vélo de montagne.

Aux Jeux de Pékin, en 2008, il remporte l'argent. Un autre Français, Julien Absalon, rafle l'or. C'est celui-ci qui ira sur les plateaux de télé. En 2011, pour son premier Tour après son passage au vélo de route, il termine neuvième, toute une performance. Mais le Français Thomas Voeckler fait quatrième...

On excusera donc ceux qui ne l'avaient pas vu venir avant le dernier Tour. Jean-Christophe Péraud, lui, savait que son tour viendrait.

«Non, je ne sors pas de nulle part. J'ai un gros bagage derrière moi. Mais c'est vrai que je suis arrivé au cyclisme sur route un peu tard, à 33 ans. C'est ma cinquième année sur la route. Mais ma troisième place au Tour du Pays basque ou encore ma quatrième place au Tirreno-Adriatico ce printemps sont loin d'être anecdotiques.»

Avec son nouveau statut, Jean-Christophe Péraud sera l'un des cyclistes les plus attendus à Québec et à Montréal. Peut-être son succès au Tour aura-t-il des échos de ce côté-ci de l'Atlantique. Ses deux dernières participations à la course montréalaise ont toutefois été décevantes. L'année dernière, il n'a pas terminé.

On ne sait toujours pas quelles autres têtes d'affiche seront de la partie pour cette cinquième édition des Grands Prix cyclistes. Les organisateurs en sauront davantage la semaine prochaine.

Chose certaine, la présence de Péraud confirme l'intérêt du peloton pour le rendez-vous québécois, selon Marcel Leblanc, vice-président exécutif des courses.

«Tout le monde veut venir à nos courses. Quand on a organisé la première édition, on avait un doute. Est-ce que les coureurs vont vouloir traverser l'Atlantique, venir en Amérique courir une telle course avec le décalage? La réponse est oui», dit-il.

Il ne reste plus aux organisateurs qu'à prier pour que Jean-Christophe Péraud soit bel et bien à Québec le 12 septembre. Le cycliste a acquis la réputation d'être étourdi. Il lui est déjà arrivé d'oublier son passeport. Une fois, il a raté l'avion. On raconte même qu'un jour, il a pris un train pour la gare de Lyon, à Paris, croyant rentrer à Lyon.

Mais aussi étourdi soit-il, cela n'a pas empêché Péraud de trouver le fil d'arrivée le 27 juillet dernier. Et, du coup, la consécration à l'âge de 37 ans.

Des retombées par millions

La mode est aux études sur les retombées économiques. Les organisateurs des Grands Prix cyclistes de Québec et Montréal n'y échappent pas.

Dans un communiqué envoyé jeudi, ils estiment les retombées «directes et indirectes» de leurs deux événements à quelque 37,7 millions par année.

Les médias, comme trop souvent dans ce domaine, ont reçu bien peu de détails sur les chiffres. Ils auraient été calculés par Montréal et Québec, nous a-t-on dit.

En guise de comparaison, le Grand Prix de F1 dit générer des retombées de 89,3 millions par année, alors que le marathon de Montréal se targue de retombées annuelles de plus de 13 millions.