À la veille du contre-la-montre décisif de Périgueux, la pluie a compliqué la progression du Tour de France dont la 19e étape a été remportée vendredi à Bergerac par Ramunas Navardauskas, premier Lituanien vainqueur dans la Grande Boucle.

Le détenteur du maillot jaune, l'Italien Vincenzo Nibali, et les prétendants au podium (Pinot, Péraud, Valverde) ont dû redoubler de vigilance. Ils ont surtout cherché à éviter la chute qui a fait perdre toute chance au détenteur du maillot vert, Peter Sagan.

À moins de 3 kilomètres de la ligne, Sagan a été pris dans un empilage sur la route détrempée, à côté de Romain Bardet et de quelques autres coureurs. Le Slovaque, dépité, a raté une nouvelle fois l'occasion de gagner.

«J'ai été le premier à tomber, je ne sais pas ce qui s'est passé, c'était très glissant, je n'arrivais pas à m'arrêter», a déclaré Sagan, résigné après l'arrivée.

Les positions sont restées stables entre les trois candidats aux deux places du podium à attribuer aux côtés de Nibali. Thibaut Pinot et Jean-Christophe Péraud, qui pourraient devenir les premiers coureurs français à monter sur le podium des «Champs» depuis... 17 ans, ont confiance. Tout comme Alejandro Valverde, leur adversaire espagnol, avant les 54 kilomètres du parcours reliant Bergerac à Périgueux.

Au même niveau

Pinot, qui a terminé le plus fort dans la dernière arrivée au sommet, jeudi, à Hautacam, a pour lui la fraîcheur physique en fin de Tour. Péraud affiche les meilleures références (ex-champion de France de la spécialité) dans les contre-la-montre, bien qu'il ait surtout travaillé ses qualités de grimpeur ces derniers temps. Valverde, sensiblement au même niveau, voire mieux, a pour lui l'expérience et la solidité mentale.

Mais aucun des trois ne présente de vraies garanties dans un «chrono» qui doit sourire logiquement au champion du monde de la discipline, l'Allemand Tony Martin, et aussi au maillot jaune. Pas plus Péraud, qui a surtout travaillé ses qualités de grimpeur pour parvenir à ce niveau et qui risque d'être encore plus gêné en cas de pluie (le souvenir de sa double chute de l'an passé dans le contre-la-montre de Chorges), que Pinot, en progrès mais encore dans l'attente d'une grosse performance dans l'exercice.

Quant à Valverde, qui a gagné le contre-la-montre des Championnats d'Espagne le mois dernier, il a contre lui la lassitude de la fin du Tour. Il est apparu très fatigué au sommet de Hautacam. Aura-t-il récupéré 48 heures plus tard sur le parcours annoncé rugueux?

De Maubourguet à Bergerac, les coureurs du Tour ont affronté les éléments. Plusieurs orages ont contrarié leur progression et augmenté les risques. Derrière les cinq échappés partis dès les premiers kilomètres, les Français Cyril Gautier et Arnaud Gérard, le champion de Suisse Martin Elmiger, le Néerlandais Tom-Jelte Slagter, rejoints ensuite par l'Estonien Rein Taaramae, qui ont abordé les 30 derniers kilomètres avec une avance à peine supérieure à une minute.

Dans le final, Slagter a tenté sa chance en solitaire. Mais il a été dépassé aux 13 kilomètres par Navardauskas, son coéquipier parti en contre-attaque dans la côte de Monbazillac.

«L'équipe avait une stratégie, on savait qu'il fallait démarrer avant pour éviter d'être confronté aux sprinteurs», a déclaré le champion de Lituanie du contre-la-montre.

À 26 ans, Navardauskas compte déjà à son palmarès une étape du Giro (2013), course dont il a porté durant deux jours le maillot rose de leader en 2012.

«J'avais la confiance de mon équipe, je me suis lancé, j'ai pris le risque», a conclu ce coureur au grand gabarit (1,90 m) qui dispute sa quatrième saison dans le peloton professionnel. «C'est un grand jour pour la Lituanie, pour moi et pour l'équipe».