Karol-Ann Canuel anticipait le pire dans les jours qui ont suivi sa chute fracassante à la Liberty Classic de Philadelphie, le 1er juin. Victime d'une commotion cérébrale et de fractures à une vertèbre cervicale et à une côte, elle s'imaginait enfermée dans une pièce sombre pendant des semaines, à ruminer la fin prématurée d'une saison 2014 qui avait si bien commencé.

Le scénario catastrophe ne s'est heureusement pas matérialisé. Un peu plus d'un mois après son accident, Canuel a déjà repris l'entraînement à plein régime et reprendra la compétition dès mardi.

Elle tourne dorénavant son regard vers les Championnats du monde de Ponferrada, en Espagne, du 21 au 28 septembre.

«Ça va vraiment mieux», annonçait Canuel d'un ton enjoué lors d'une entrevue téléphonique plus tôt cette semaine. «J'ai recommencé à rouler. J'ai reçu le OK du médecin pour reprendre l'entraînement normal. Je n'ai plus de maux de tête ou de trucs comme ça. En ce moment, je me sens de retour à la normale. Je suis vraiment contente.»

La cycliste de 26 ans n'a aucun souvenir de sa chute survenue dans la première partie de la course. Elle sait seulement qu'elle roulait du côté gauche du peloton et qu'en se réveillant, elle répétait une phrase à la manager de son équipe venue à son secours: «Je ne me souviens plus ce que c'était.»

Puis ce fut l'ambulance, l'hôpital et le diagnostic: fractures de la vertèbre C6 et de la première côte du côté droit, ainsi qu'une commotion cérébrale. Une entaille sur le menton, qui a exigé neuf points de suture, laisse croire à l'athlète que sa tête a cogné le bitume à cet endroit. «Mon casque n'était pas cassé», souligne-t-elle.

Après deux premières semaines pénibles où elle a dû porter un collier cervical en permanence, les choses se sont graduellement tassées. Elle a commencé par une première séance de rouleau de 15 minutes, suivie d'une autre de 30 minutes le lendemain, jusqu'à ce qu'elle puisse recommencer à rouler à l'extérieur pendant 90 minutes. Elle a pu remettre toute la gomme il y a deux semaines.

Son absence aux championnats canadiens de Lac-Mégantic, qui se sont déroulés le 27 juin, et au Giro Rosa - le tour d'Italie féminin - qui se déroule en ce moment, laisse un goût amer à l'athlète originaire d'Amos. Ces courses représentaient ses deux grands objectifs de mi-saison sur des terrains escarpés qui pouvaient lui convenir. Elle se contente de suivre les performances de ses coéquipiers de Specialized-lululemon, la puissante formation américaine qui l'a recrutée l'automne dernier.

«Sérieux, j'avais une super saison, regrette Canuel. J'étais vraiment en forme. L'équipe, c'est vraiment la meilleure. J'aime la chimie, le fait qu'on travaille vraiment ensemble. C'est grâce à ce travail d'équipe que j'ai gagné à San Dimas (en mars dernier, en Californie), ma première victoire dans une course par étapes.»

Peu après l'entrevue téléphonique, l'ancienne championne canadienne junior (en 2006) a reçu le feu vert pour retourner en course.

Elle prendra le départ de la classique cycliste Cascade, une épreuve par étapes qui commence mardi dans l'Oregon.

«Ce que je vois, c'est d'essayer de marcher plus vers la fin de la saison, en fonction des championnats du monde», anticipait Canuel, 33e l'an dernier à Florence. Ce serait l'occasion idéale d'effacer un bien mauvais souvenir.

Joëlle Numainville doit aussi reprendre le collier à la classique Cascade. La coureuse de l'équipe Optum-Kelly Benefit est enfin débarrassée des symptômes d'une commotion cérébrale non diagnostiquée qui a gâché sa vie pendant un an. Championne canadienne en 2013, Numainville n'avait pas couru depuis le Grand Prix de Sainte-Martine, le 27 avril, alors qu'elle s'était mesurée au peloton masculin.