Gand-Wevelgem, Tour des Flandres, Paris-Roubaix... Guillaume Boivin devait prendre le départ de ces grandes classiques, où il aurait été appelé à épauler l'un des grands favoris, le Slovaque Peter Sagan. Terrassé par la maladie depuis près d'un mois, le cycliste de Longueuil doit y renoncer.

Déjà rayé de l'équation pour le 98e Tour des Flandres, qui s'élancera de Bruges dimanche, Boivin entretenait toujours l'espoir de disputer le Grand Prix de l'Escaut et son deuxième Paris-Roubaix, la semaine prochaine. Le coup de masse est venu d'un examen sanguin dont les résultats sont rentrés hier. «Fatigue extrême», a diagnostiqué le médecin de l'équipe Cannondale, qui a mis le coureur au repos complet jusqu'à nouvel ordre.

«Le docteur a dit que tant que je ne me sentirais pas comme Superman en me levant le matin, pas de vélo, a soupiré Boivin, joint en Italie. C'est un peu dur à prendre, mais j'imagine que je n'ai pas le choix. Il faut me remettre en santé. Je ne sais pas quand ça va se passer ou quand je vais revenir à la compétition. J'espère que ce ne sera pas trop long.»

L'athlète de 24 ans traîne sa peine depuis le Tour de Taiwan, début mars. Après avoir pris le quatrième rang de la première étape, il a été happé par une violente bronchite. De retour en Italie, où il vit depuis deux ans, il a reçu deux cycles d'antibiotiques. Les symptômes reliés aux voies respiratoires ont diminué, mais la fatigue et les maux de tête n'ont pas disparu.

Désireux de se remettre en jambes en vue des classiques flandriennes, Boivin a pris le départ de la Semaine internationale Coppi e Bartali, jeudi dernier. Les premiers signaux ont été encourageants: troisième d'une demi-étape lors de la première journée, un contre-la-montre par équipes disputé à trois, où il a largement fait sa part. «Ce soir-là, j'étais quand même encouragé. Mais le lendemain, déjà au départ, je commençais à avoir mal à la tête, à être un peu étourdi. Je me suis dit: "Ça va passer». Après une heure de course, c'est tombé complètement à plat, je n'avais plus aucune énergie.»

Il n'a pas touché à son vélo depuis. La cause de son état est inconnue. «Le docteur pense que ça peut être un mélange de surentraînement, de voyages, le décalage horaire, le fait que je sois tombé malade, énumère-t-il. C'est dur de mettre le doigt dessus.»

La pilule est d'autant plus difficile à avaler que Boivin avait reçu un vote de confiance de ses dirigeants en cette deuxième saison chez Cannondale, l'une des 18 formations du circuit World Tour.

Il a connu une préparation hivernale très encourageante, passant deux mois en Australie pour de l'entraînement et des courses (Tour Down Under, Herald Sun Tour). Pour la suite, il s'attendait à servir de poisson-pilote pour un sprinter comme Elia Viviani. Impressionné par ses valeurs à l'entraînement, le nouvel entraîneur de l'équipe, l'Allemand Sebastian Weber, lui a toutefois fait comprendre qu'il avait lui-même la puissance pour disputer des sprints. Il devait donc avoir l'occasion de jouer sa carte dans des courses de second ordre, comme Coppi e Bartali.

«J'avais démontré que j'avais pris de la caisse, que j'avais les capacités pour prendre plus de responsabilités au printemps avec les classiques. J'avais une grande motivation et j'étais vraiment excité», regrette le médaillé de bronze des Mondiaux U23 en 2010.

Boivin doit maintenant se résigner à faire une croix sur sa première moitié de saison. «On va recommencer à zéro. La beauté, c'est que la saison est longue. On va donc se remettre en santé, recommencer du début, et ça va revenir.»

Deux autres Québécois ont été retenus pour participer au Tour des Flandres: Hugo Houle (AG2R La Mondiale) et Antoine Duchesne (Europcar).