Après avoir «gaspillé» une première chance à Québec, Peter Sagan n'a pas raté son coup, cette fois. Le sprinter slovaque a placé un démarrage imparable à cinq kilomètres de l'arrivée, dimanche après-midi, pour remporter le Grand Prix cycliste de Montréal le plus spectaculaire depuis la naissance de cette course, en 2010.

Sagan a pointé ses puissantes cuisses au moment de franchir la ligne, mais c'est aussi avec sa tête qu'il a construit cette victoire.

Plus patient que vendredi, il a attendu que les Chris Froome, Robert Gesink et autres Alberto Contador se découvrent sur la voie Camillien-Houde avant de s'envoler seul vers son 22e succès de la saison, un sommet sur la scène internationale.

«Je suis très heureux parce que je suis venu ici avec mon équipe en ayant deux objectifs: gagner à Québec et à Montréal», a rappelé le représentant de la Cannondale en conférence de presse. «À Québec, j'ai peut-être un peu gaspillé la course parce que j'ai attaqué trop tôt. C'était ma faute. Aujourd'hui, c'était mieux. Je courais sans stress et l'équipe m'a bien aidé.»

À 23 ans seulement, Sagan représente l'avenir du cyclisme mondial. Finisseur redoutable - il a décroché le maillot vert aux points pour une deuxième année au Tour de France -, il est aussi à l'aise sur les terrains accidentés.

Troisième à l'arrivée, Ryder Hesjedal le sait mieux que quiconque. Au milieu de la dernière ascension de la côte de la Polytechnique, le Canadien s'est détaché du groupe d'une vingtaine de coureurs qui pouvaient toujours prétendre à la victoire, soulevant les milliers de spectateurs massés autour de l'aire d'arrivée, avenue du Parc.

«C'était une attaque très importante», a souligné Hesjedal, aussi troisième au GP de Montréal en 2010. «Je m'attendais à ce que personne ne puisse me dépasser sur Polytechnique. Et le voilà qu'il est parti...»

C'était Sagan, qui a déposé tout le monde comme des juniors. Il s'attendait à ce que son rival canadien puisse s'accrocher, ce qui aurait facilité son travail jusqu'à l'arrivée. En entendant cela en conférence de presse, Hesjedal a fermé les yeux, avant de s'esclaffer: «J'ai essayé... Tu dois ralentir un peu!»

Hesjedal a tout tenté pour animer la chasse, mais le petit groupe était trop désorganisé - ou peut-être seulement trop fatigué - pour refermer l'écart d'une quinzaine de secondes. Le coureur de la Garmin a néanmoins réussi à créer une cassure juste avant la flamme rouge. L'Italien Simone Ponzi (Astana) a été le seul à pouvoir suivre, ce qui lui a permis de grimper sur la deuxième marche du podium, à quatre secondes du gagnant.

Saluant la prestation de Sagan, Hesjedal a reconnu que ce podium à sa dernière course de la saison représentait un soulagement. Il le voyait comme la fin d'un long cycle qui a suivi sa victoire historique au Giro 2012, période de 16 mois au cours de laquelle il a été éprouvé par de nombreuses chutes, la maladie et des abandons.

«J'ai beaucoup appris, a noté le coureur de 32 ans. Je suis passé à travers plusieurs expériences, des expériences difficiles. Mais je crois avoir démontré aujourd'hui ma soif de victoire et que je pouvais toujours bien rouler.»

Rehaussé par la présence de vedettes comme Froome, Contador, Cadel Evans et Andy Schleck, tous gagnants du Tour de France, ce quatrième GP de Montréal a été digne d'un championnat du monde.

Les 60 derniers kilomètres ont été animés par les Sky de Froome, qui ont cependant été victimes d'une chute dans un virage avec cinq tours à faire. Lui-même impliqué, le Britannique est réapparu devant dans la dernière montée de Camillien-Houde, mais Peter Sagan avait réponse à tout.

PHOTO ROBERT KINNER, LA PRESSE

David Veilleux (en vert)et Chris Froome (en noir).