La dernière fois que Guillaume Boivin est apparu à la télévision, il y a une semaine, les images n'étaient pas très encourageantes. Marchant avec peine, grimaçant de douleur, le cycliste de Longueuil se préparait à s'asseoir dans une civière pour être transporté en ambulance vers un hôpital espagnol.

Voilà comment s'est terminée sa Vuelta, son premier grand tour, à la suite d'une bête chute collective lors du départ neutralisé avant le lancement officiel de la 10e étape. Boivin a passé les cinq ou six jours suivants à ne rien faire, touché physiquement (hanche, bassin), mais surtout moralement. «Avoir mal, ce n'est pas la fin du monde, je suis habitué. Mais mentalement, c'est quand même dur», a-t-il confié hier après-midi.

Le représentant de l'équipe Cannondale a mal encaissé cet abandon prématuré au Tour d'Espagne, qu'il avait entrepris le 24 août avec l'idée arrêtée de se rendre jusqu'à Madrid au bout des trois semaines de course. Ce n'est pas pour rien si, après sa chute, il s'est acharné sur une trentaine de kilomètres avant de se résigner.

Depuis, Boivin a repris espoir. De retour en selle lundi, il s'estime suffisamment remis pour s'aligner au Grand Prix cycliste de Québec, l'épreuve du circuit World Tour présentée vendredi.

Au moment de l'entrevue, l'athlète de 24 ans revenait d'une séance de rouleau déterminante à Montréal. «J'ai essayé de faire des intensités typiques de course pour voir si la douleur était contrôlable et tolérable, a-t-il expliqué. Je ne peux pas dire qu'il n'y a aucune douleur, mais je serais capable de faire pleinement mon travail. Comme tout athlète, il faut savoir composer avec la douleur.»

Cela dit, Boivin attendait des nouvelles de son équipe et des dirigeants des GP avant de pouvoir annoncer sa participation à la course. Un règlement de l'Union cycliste internationale (UCI) interdit à un coureur de quitter une course pour s'inscrire à une autre se déroulant simultanément. Une dérogation peut cependant être obtenue avec l'accord de l'organisateur.

Si le souhait de Boivin se réalise, il complétera la brochette de cyclistes québécois de premier plan qui participeront aux seules épreuves de l'Amérique du calendrier World Tour. La présence de David Veilleux (Europcar), Hugo Houle (AG2R La Mondiale), François Parisien (Argos-Shimano), Dominique Rollin (FDJ.fr), Bruno Langlois et Antoine Duchesne (équipe nationale) a déjà été confirmée.

Vingt-cinquième à Québec l'an dernier sous les couleurs de la défunte formation canadienne SpiderTech, Boivin prêterait cette fois-ci son concours à son coéquipier Peter Sagan, le coureur de l'heure sur la scène internationale. Maillot vert du dernier Tour de France, le Slovaque vient de signer sept victoires d'étape au USA Pro Cycling Challenge (Colorado) et au Tour de l'Alberta. «C'est clair, l'équipe vient ici pour essayer de gagner les deux courses et vise un grand week-end avec Peter», a avancé le Québécois, pour qui une participation au GP de Montréal, dimanche, représente cependant un point d'interrogation.

Après un début de saison, sa première sur le World Tour, où il a eu du mal à trouver ses repères, Boivin s'est relancé au Tour de Californie en préparant les sprints pour Sagan. Ce moment a représenté un tournant. «J'ai saisi ma chance et j'ai prouvé à l'équipe que j'étais un bon coureur et que j'étais capable de faire le travail», a souligné celui qui a ensuite remporté une étape au Tour de Beauce. «Je pense avoir gagné l'estime des dirigeants. Depuis ce temps-là, je me sens plus respecté et apprécié.»

Sa sélection pour l'Eneco Tour, la Vuelta et le Tour de Pékin (du 11 au 15 octobre) en témoigne. Boivin se croise maintenant les doigts pour faire un détour imprévu à Québec.