Il suffit de jeter un oeil à la liste des résultats des trois derniers championnats du monde de cyclisme sur route pour constater que la voie royale vers le succès passe par le Tour d'Espagne, dont la présentation en cours se terminera le 15 septembre à Madrid.

Le même jour, plusieurs des meilleurs coureurs du monde seront sur le mont Royal dans le cadre du Grand Prix cycliste de Montréal, après avoir roulé deux jours plus tôt dans les rues de Québec pour le Grand Prix du même nom.

En dépit de l'attrait de la Vuelta, les deux seules épreuves du circuit UCI WorldTour disputées en Amérique compteront encore une fois sur un peloton de haute qualité, le plus relevé de l'histoire de l'événement né en 2010. «Énorme», a résumé le grand manitou des Grands Prix, Serge Arsenault.

En fait de prestige, difficile de trouver mieux que Chris Froome, le Britannique de 28 ans qui a annihilé tous ses rivaux lors du récent Tour de France et dont la venue en terres québécoises a été confirmée mardi matin.

Le leader de la Sky et numéro un mondial sera accompagné de trois anciens vainqueurs de la Grande Boucle, l'Espagnol Alberto Contador (2007 et 2009), le Luxembourgeois Andy Schleck (2010... à la suite du déclassement de Contador) et l'Australien Cadel Evans (2011), retiré à la dernière minute l'an dernier en raison d'ennuis de santé.

À moins que «Schleck ne se blesse en faisant du patin à roulettes», dixit Serge Arsenault, les principales têtes d'affiche ne devraient pas faire faux bond à l'organisation. «Les forfaits de dernière minute, ça existe toujours, mais les équipes sont plus structurées et beaucoup plus sérieuses quand elles composent leur [alignement]», a repris, plus sérieusement, l'ancien coureur Charly Mottet, manager sport des Grands Prix, en téléconférence.

Selon ce dernier, la configuration et la difficulté des circuits québécois, semblables à celui des prochains Mondiaux de Florence (le 29 septembre), ont permis d'attirer des coureurs de renom désireux de briller en Italie, à l'image de Contador.

Très loin de sa forme optimale au USA Pro Challenge, la semaine dernière au Colorado, Froome espère se relancer au Canada. Il aura à coeur de concrétiser sa première place au classement WorldTour, comme l'avait fait l'actuel champion du monde Philippe Gilbert, aligné sur la Vuelta, en remportant le GP de Québec et finissant 3e à Montréal en 2011.

Avec ses 16 victoires en 2013, l'irrésistible Slovaque Peter Sagan, deuxième à 178 points de Froome, fera figure de favori. «Ce sont quand même deux courses qui rapportent beaucoup de points, a rappelé Charly Mottet. Je ne serais pas étonné que Peter Sagan fasse tous les efforts pour revenir dans les roues de Christopher Froome.»

Si les trois premiers gagnants à Québec brillent par leur absence (Thomas Voeckler, Philippe Gilbert et Simon Gerrans), tous les vainqueurs sur le mont Royal seront de la partie. À commencer par le Portugais Rui Costa, le champion de 2011 qui s'est imposé en costaud sur deux étapes dans la dernière semaine du Tour. Le Néerlandais Robert Gesink (2010) et le Norvégien Lars Petter Nordhaug (2012), aujourd'hui coéquipiers chez Belkin, sont aussi de retour.

Treize Canadiens sont annoncés, dont Ryder Hesjedal, l'ancien gagnant du Giro, ralenti par la maladie et les blessures en 2013. Les meilleurs Québécois y seront tous (Rollin, Veilleux, Parisien, Langlois, Duchesne, Houle), à l'exception de Guillaume Boivin, qui défend actuellement les couleurs de Cannondale à la Vuelta.