Pour un invité de dernière minute, Dominique Rollin ne joue pas les figurants au Tour d'Italie. Au lendemain d'un sprint de peloton où il a tenu un rôle prépondérant, le cycliste de Boucherville a roulé en échappée sur plus de 130 km, hier, lors d'une étape mouvementée, marquée par une chute désastreuse du Britannique Bradley Wiggins.

Parti au kilomètre 29 avec cinq coureurs, Rollin a roulé en tête pendant plus d'une centaine de kilomètres avant d'être lâché dans une des nombreuses rampes abruptes qui pimentaient cette septième étape.

«Je sais que c'est ma faiblesse en ce moment», a commenté le représentant de la FDJ au sujet des forts pourcentages. «Je n'ai pas pu travailler avant de venir au Giro, vu ma condition de santé (infection aux poumons, NDLR). Je savais que j'allais payer un peu pour ça. D'un autre côté, en étant dans l'échappée, je savais qu'on allait passer les bosses un peu plus tranquillement que dans le peloton. J'ai réussi à faire une meilleure journée comme ça.»

Tandis que l'Australien Adam Hansen (Lotto) poursuivait sa route solo pour signer la plus belle victoire de sa carrière, Rollin a continué à rouler avec un autre rescapé de l'échappée. Une place parmi les cinq premiers, et les points qui viennent avec, lui paraissait encore possible. «Mon équipe me disait de continuer à forcer, mais malheureusement, on n'avait pas d'écart entre notre groupe et le peloton, a-t-il relaté. Pas moyen de savoir s'il fallait me relever ou continuer.»

Finalement, le duo a été rejoint avec 15 km à faire, à peu près au moment où l'Italien Vincenzo Nibali tentait de profiter des conditions pluvieuses pour se faire la belle dans une descente. Des chutes, dont une glissade de Nibali lui-même, ont provoqué des brisures.

Étape difficile pour Wiggins

À un certain point, Rollin s'est retrouvé avec Wiggins. «Ce n'est pas sa faute s'il s'est fait décrocher, a précisé le Québécois, 65e de l'étape. Il y a eu des chutes devant lui. J'étais juste surpris de le voir en arrière du peloton. Je pense qu'il était un peu isolé. Ça doit être une question de peur aussi.»

Aux yeux de Rollin, le vainqueur du Tour de France affichait cependant un air «assez paisible» et «n'avait pas l'air alarmé» à l'approche de la dernière montée. Rollin a laissé filer, Wiggins a recollé avant le sommet.

Balayée par une pluie diluvienne, la descente a été périlleuse. Wiggins s'est retrouvé sur le bitume dans un virage à 5 km de la ligne.

Visiblement ébranlé et nerveux, le Britannique a poursuivi sur les freins, cédant 1 min 24 à ses principaux rivaux, dont Nibali (2e au général), le Canadien Ryder Hesjedal (3e) et l'Australien Cadel Evans (6e). Luca Paolini, 54e de l'étape, a perdu le maillot rose de leader au profit de l'Espagnol Benat Intxausti.

À la veille de l'important contre-la-montre individuel de 54 km, aujourd'hui, les conséquences sont évidemment énormes. Wiggins (23e), le grand spécialiste, espérait asseoir son autorité sur le reste du Giro. Il devra plutôt combler un retard inattendu à ce point-ci de la course.

Rollin, dorénavant 100e au général, cherchera pour sa part à se «reposer un peu» en vue des premières étapes de haute montagne, la semaine prochaine. «Je suis quand même content de ma journée, d'avoir réussi à me rendre presque avec le groupe de tête, a-t-il évalué. Ça me prouve que mes jambes sont bonnes et que la forme est là. Je vais pouvoir faire un bon boulot pour l'équipe.»

Veilleux 2e en France, Boivin en Californie

Un autre cycliste québécois s'est illustré en Europe hier. David Veilleux (Europcar) a pris le deuxième rang à la deuxième étape du Rhônes-Alpes Isère Tour, une épreuve de deuxième catégorie qui marque le retour à la compétition de Thomas Voeckler.

Par ailleurs, Guillaume Boivin aura finalement l'occasion de prendre part au Tour de Californie. D'abord écarté de la sélection de Cannondale, le Longueuillois de 23 ans a été rappelé pour prendre la relève de Damiano Caruso, remplaçant d'Ivan Basso au Giro. À l'instar de Rollin, l'occasion est belle pour Boivin de faire oublier une première moitié de saison frustrante.