David Veilleux, Hugo Houle et Guillaume Boivin ne vont pas chômer dimanche. Ils devront d'abord braver la tranchée d'Arenberg. Puis les 50 autres kilomètres de pavés qui vous engourdissent les mains et paralysent les jambes. Suivront les coups de coude assassins, les pelotons fébriles, les chutes et la poussière.

On l'appelle «l'enfer du Nord». Deux cent cinquante-quatre kilomètres d'un rude parcours. Paris-Roubaix est la plus belle des classiques. La plus crainte aussi. La course mythique en est à sa 111e présentation et va demain accueillir trois Québécois.

«Quand j'ai commencé le vélo, je ne me serais jamais douté que je participerais un jour à Paris-Roubaix», a admis Hugo Houle, joint par La Pressedans sa chambre d'hôtel du nord de la France. «Mais il ne faut pas que je sois complexé, même si, pour moi, c'est une grande réalisation. Ça fait changement des courses à Sainte-Martine, disons!»

En l'absence du quadruple vainqueur Tom Boonen, blessé, le Suisse Fabian Cancellara est le grand favori cette année. Hugo Houle (AG2R), David Veilleux (Europcar) et Guillaume Boivin (Cannondale) ont pour leur part un rôle d'équipier à accomplir.

«Mon objectif va être de finir la course, note Houle, qui sera de Paris-Roubaix pour la première fois. Je vais faire mon travail d'équipier, mais je vais aussi tout faire pour finir.»

L'année dernière, 81 coureurs sur 248 ont abandonné. Vingt-sept autres ont fini hors délai. Les chutes sont fréquentes à Paris-Roubaix, tout comme les crevaisons; la classique du nord de la France est reconnue pour ses pavés qui n'épargnent ni les coureurs ni leur monture.

«C'est une course assez unique. C'est extrêmement exigeant sur le corps. Physiquement, traverser les secteurs pavés est difficile, relate David Veilleux, qui en sera à son troisième Paris-Roubaix. Les chutes sont aussi assez fréquentes parce que tout le monde veut être bien placé à l'entrée des secteurs pavés. Ça joue un peu du coude. Il faut être vigilant.»

Survivre à la tranchée d'Arenberg

La tranchée d'Arenberg représente le secteur le plus difficile de la course. Le peloton arrive souvent lancé à plus de 60 km/h dans cette section de 2400 m aux pavés disjoints et irréguliers. «La tranchée d'Arenberg [on l'appelle aussi trouée], c'est celle qui me fait le plus peur, dit Veilleux. C'est en début de course et il y a encore beaucoup de coureurs. Elle est difficile à franchir.»

Hugo Houle a participé à une sortie de reconnaissance hier avec ses coéquipiers. La fameuse tranchée n'a pas déçu les attentes. «Je n'avais jamais vu un secteur pavé aussi mauvais que la tranchée d'Arenberg, raconte Houle. C'est différent de ce qu'on voit en Belgique; c'est encore plus détérioré, avec de gros trous. Ça brasse!»

Les prévisions météo annoncent un temps froid et sec. Il s'agit d'une bonne nouvelle puisque le parcours se transforme vite en bain de boue en cas de pluie. Mais, beau temps ou pas, les pavés, eux, seront toujours là. «Avec les pavés, ça joue du coude, ça frotte, c'est comme la guerre!» dit Hugo Houle.

Le grand champion Bernard Hinault a remporté l'épreuve en 1981. «Après cette course, on a mal partout: aux mains, aux bras, aux jambes et au reste, a expliqué Hinault. Elle nous laisse dans un état d'épuisement total. Les gens qui inventent ces parcours sont des tortionnaires.»

Un beau dimanche en perspective...