Il ne restait plus grand-chose du mythe Lance Armstrong. Et jeudi soir, lors d'une entrevue fleuve avec l'animatrice Oprah Winfrey, l'ex-septuple vainqueur du Tour de France a fini de briser sa légende.

Au cours de l'entretien d'une heure et demie, l'ancien cycliste a admis s'être dopé, avoir intimidé d'anciens coéquipiers, s'être comporté en «bully» et avoir bâti un monde de mensonges. Mais il a aussi refusé de répondre à plusieurs questions sensibles, notamment à propos de l'Union cycliste internationale et du docteur Michele Ferrari, afin selon lui de ne pas incriminer de tierces personnes.

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D'entrée de jeu, l'animatrice a demandé au Texan s'il s'était dopé lors de ses victoires au Tour de France, entre 1999 et 2005. Armstrong a répondu «oui». Mais il a du même souffle juré qu'il n'avait pas touché aux produits dopants lors de son retour pour les Tours de France 2009 et 2010.

«Mon cocktail, c'était l'EPO, les transfusions sanguines et la testostérone», a détaillé Armstrong. Pour lui, le dopage dans les années 2000 était une partie intégrante du cyclisme. «C'était comme de dire il faut de l'air dans nos pneus, de l'eau dans ma gourde. Ça faisait partie du travail.»

«Je n'ai pas inventé la culture, mais je n'ai pas lutté contre cette culture et le sport en paie le prix aujourd'hui. J'en suis désolé», a jouté l'Américain de 41 ans.

Les doses d'EPO lui étaient livrées sur le parcours du Tour de France par un messager à moto, a admis Armstrong; le fameux «Motoman» dont son ancien coéquipier Tyler Hamilton avait révélé l'existence dans un récent livre.

Le survivant du cancer a aussi admis s'être injecté des doses d'EPO, dans sa roulotte, à quelques mètres des partisans qui attendaient pour un autographe. «Je n'ai pas lu le livre de Tyler. Mais je ne vais certainement pas dire que c'est un mensonge», a répondu le champion déchu lorsque questionné par Oprah Winfrey.

«Tout faire pour survivre»

Pour expliquer ses dérapages, Lance Armstrong a parlé à répétition de ses faiblesses. «Mon histoire mythique, parfaite, n'était pas vraie, a-t-il soufflé. Je suis un individu avec ses faiblesses. La responsabilité est la mienne.»

«Étais-je un trou du cul ou un bienfaiteur? Je dirais que j'étais les deux. Et de ce temps-ci on voit davantage le trou du cul. J'ai des faiblesses, comme tout le monde.»

Le cycliste, déchu de ses sept victoires au Tour de France et radié à vie en octobre, a dit avoir «manqué de respect envers le maillot jaune».

Mais Armstrong a aussi profité de la tribune offerte par Oprah Winfrey pour se défendre de certaines des accusations contenues dans le rapport accablant dévoilé à l'automne par l'Agence américaine antidopage. Le Texan a ainsi nié avoir été à la tête du «programme de dopage le plus sophistiqué, le plus professionnel et le plus efficace jamais vu».

«De dire que le programme [de l'équipe US Postal] était plus gros que le programme de l'Allemagne de l'Est dans les années 80 [est faux]», s'est-il défendu.

Armstrong s'est présenté comme un simple rouage du système. Il a soutenu que tous les coureurs avaient eu accès aux mêmes drogues de performance. Tyler Hamilton soutient pour sa part qu'Armstrong était le mieux dopé des dopés.

Oprah lui a demandé pourquoi il s'était dopé. Il a fait référence à son enfance auprès d'une mère monoparentale et de son expérience avec le cancer. «J'ai grandi en combattant. Ma mère m'a élevé et on a toujours senti qu'on avait le dos aux câbles, a lâché Armstrong. Avant mon cancer, je n'étais pas un compétiteur. Mais après, je me suis dit: "Je vais tout faire pour survivre."»

Le Texan s'est confié dans une entrevue fleuve - deux heures trente - à l'animatrice-vedette. L'entretien a eu lieu lundi dans un hôtel de la ville d'Austin, où habite Armstrong. La seconde partie de l'entrevue sera diffusée vendredi soir.