L'ancien champion américain Greg LeMond s'est déclaré prêt lundi à assurer un intérim à la tête de l'Union cycliste internationale (UCI) si l'actuel président Pat McQuaid répondait aux appels à la démission qui se sont succédé depuis l'affaire Armstrong.

L'Américain accepterait d'assurer cet intérim jusqu'à l'élection d'une personnalité incontestable, qui pourrait être le Canadien Dick Pound, l'ancien président de l'Agence mondiale antidopage, a-t-il affirmé, lors d'une conférence de presse organisée par «Change Cycling Now» (CCN), un groupe de pression visant à débarrasser le cyclisme du dopage.

«Je veux participer au processus de changement du cyclisme. Mais je ne suis pas là pour être président, je ne suis pas un politicien», a insisté le triple (1986, 1989, 1990) et désormais unique vainqueur américain du Tour de France depuis que Lance Armstrong a été dépossédé par l'UCI de ses sept victoires dans la Grande Boucle.

LeMond s'exprimait dans la capitale britannique lors d'une conférence de presse organisée par CCN, un groupe monté par l'homme d'affaires australien Jaimie Fuller, le patron de l'équimentier australien Skins.

«Si ce sport doit changer, c'est maintenant ou jamais», a déclaré LeMond, 51 ans. «Que propose l'UCI en ce moment? Rien. Ils (NDLR: les dirigeants de l'UCI) doivent démissionner. Toute personne honorable l'aurait fait depuis des années», a accusé le double champion du monde (1983 et 1989).

Réconciliation et vérité

Jugeant lui-même «improbable» le départ des actuels patrons du cyclisme, l'ex-coureur a été séduit par l'initiative de «Change Cycling Now», qui propose notamment d'instaurer une «commission réconciliation et vérité», du nom des instances mises en place en Afrique du Sud après l'apartheid, afin de faire toute la lumière sur le dopage grâce aux témoignages des coureurs eux-mêmes.

«Il ne s'agirait pas de blâmer ni de punir, mais de faire en sorte que la vérité apparaisse», a expliqué Jaimie Fuller.

CCN a reçu le soutien d'anciens professionnels, comme les Français Christophe Bassons et Eric Boyer, mais aucun sportif en activité n'a pour le moment répondu. «La grande majorité ont été intimidés par ce qui pourrait leur arriver s'ils se montraient critiques envers l'UCI», a assuré Jaimie Fuller.

«Change Cycling Now» suggère également de placer les contrôles antidopage sous l'autorité d'une instance indépendante, et non plus de l'UCI.

Le but de la campagne est de «mettre fin à la suspicion» que le dopage fait peser sur les résultats des courses. Priés de dire s'ils doutaient de la validité du succès du Britannique Bradley Wiggins dans le dernier Tour de France, les principaux intervenants ont répondu qu'ils ne savaient pas. «C'est cela qui est tragique, c'est que nous ne sachions pas», a dit LeMond.

Ayant depuis longtemps mis en doute les performances de son compatriote Lance Armstrong, l'Américain n'a «pas été surpris du tout» par les révélations de l'agence américaine antidopage (USADA), selon qui le Texan avait mis en place «le programme de dopage le plus sophistiqué jamais vu dans l'histoire du sport».

«Maintenant j'aimerais voir Armstrong venir dire ce qu'il a fait», a-t-il déclaré.