Le monde du cyclisme a accueilli comme un soulagement la décision de l'Union cycliste internationale (UCI) de suspendre à vie Lance Armstrong et de lui retirer ses titres gagnés entre 1999 et 2005. Il demande également à approfondir la lutte contre le dopage.

«Ce n'est qu'une étape, a affirmé Marc Madiot, le directeur de la formation la Française de jeux. Cette décision de l'UCI était attendue. Mais elle n'a pas d'intérêt si on en reste là. Maintenant, il faut aller voir du côté du procès de Padoue, avec l'affaire Ferrari.»

La semaine dernière, le quotidien sportif italien La Gazzetta dello Sport a en effet révélé qu'une enquête de justice était menée par le procureur de Padoue sur le Dr Michele Ferrari. Cette affaire impliquerait de nombreux sportifs pour dopage, évasion fiscale et blanchiment d'argent.

Pour Jean-François Bernard, champion cycliste français dans les années 1980 et 1990, la décision de l'UCI est positive mais aurait dû arriver plus tôt.

«Quelque part, on attendait cette annonce. Au moins, c'est fait. C'est dommage que ça arrive si tard (...) Si je m'appelais Verbruggen (ancien président de l'UCI), j'aurais du mal à me regarder dans un miroir, a-t-il assuré.

«Armstrong a quand même volé le palmarès de beaucoup de coureurs. Une génération est passée à côté, à cause également de mecs comme Ferrari. L'affaire Armstrong est passée, il faut maintenant s'attaquer à celle de Padoue. C'est un bon début, ce serait bien maintenant que ça finisse, pour les jeunes cyclistes», a conclu Bernard.

Des jeunes qui vont devoir composer avec des nouvelles règles plus strictes, et une image à redorer, auprès du public mais aussi des commanditaires.

«Ce sont eux qui ont triché et c'est nous qui allons payer, avec moins de parraineurs, moins d'équipes», a souligné William Bonnet, coureur de la FDJ-BigMat, sur son compte twitter.

«Quel gâchis, que de temps perdu», a regretté sur le même réseau social un autre coureur français, Jérôme Pineau (Omega-Pharma Quick-Step).

De la même manière, les instances ont également indiqué que la lutte contre le dopage devait continuer au-delà du seul cas Armstrong, certes représentatif, mais loin d'être exhaustif.

«Il y a encore beaucoup de détails cachés concernant le dopage, de médecins liés aux pratiques dopantes, de dirigeants corrompus, l'omerta n'a pas encore été brisée», a estimé l'Agence américaine antidopage (USADA) dans un communiqué.

«De nombreuses actions doivent encore être menées pour combattre le dopage. Il faudra se souvenir de ce jour historique pour le sport propre, mais celui-ci n'est pas garanti pour autant. Seule une commission Vérité et Réconciliation indépendante peut mettre le cyclisme sur la voie d'une réelle réforme», a proposé l'USADA, qui avait dressé un rapport de plus de 1000 pages sur le système de dopage d'Armstrong. Une enquête sur laquelle s'est basée l'UCI pour bannir le coureur.

De même, la Fédération française de cyclisme (FFC), a invité l'UCI à «aller encore plus loin dans ses actions».

Christian Prudhomme, le directeur du Tour de France, a de son côté dénoncé «un système mafieux qui va au-delà du dopage et du sport. C'est une crise mondiale. L'aura d'Armstrong touche le monde entier.»

Du côté de l'Agence mondial antidopage (AMA), on croit que cette décision pourrait servir de catalyseur à l'élimination du dopage dans le cyclisme, si une approche plus cohérente est adoptée.

C'est ce qu'a révélé le président de l'AMA, John Fahey, dans un communiqué émis lundi dans lequel il dit «comprendre» la décision de l'UCI.

Il a ajouté que l'on ne peut blâmer l'AMA pour cette absence d'action globale contre le dopage, puisque son code n'est entré en vigueur qu'en 2004 et que «les tests et l'analyse ne sont pas suffisants», comme l'a démontré l'enquête de l'USADA.

L'AMA est toutefois encouragée que le plus important scandale de dopage de l'histoire soit sur le point de de se conclure «de la bonne façon».

Le 10 octobre, l'USADA avait, dans son rapport, dépeint Armstrong comme un tricheur ayant monté au sein de l'US Postal «le système de dopage le plus sophistiqué» de l'histoire du sport. Cette enquête s'appuie sur le témoignage de 26 personnes, dont 11 anciens coéquipiers de l'Américain.