Hein Verbruggen, patron du cyclisme mondial pendant le règne de Lance Armstrong, est sorti de son silence jeudi pour démentir toute protection au Texan qui doit apparaître en public vendredi pour la première fois depuis la publication du rapport l'accusant de dopage.

Lâché mercredi par plusieurs commanditaires, dont son équipementier Nike, une semaine après la publication des 1000 pages du rapport de l'Agence américaine antidopage (USADA) à son encontre, Armstrong est attendu vendredi dans son fief texan d'Austin.

Il doit prononcer un discours aux festivités du 15e anniversaire de Livestrong, sa fondation contre le cancer, dont il a abandonné la présidence mercredi pour lui «épargner les effets négatifs liés à la controverse entourant (sa) carrière de cycliste».

De plus en plus isolé, le septuple vainqueur du Tour de France (1999-2005), qui pourrait voir son palmarès effacé d'ici la fin du mois si l'Union cycliste internationale (UCI) se range à l'avis de l'USADA, peut aussi s'interroger sur la position du Néerlandais Hein Verbruggen, souvent dépeint comme un fidèle soutien.

Jeudi, l'ancien patron tout puissant de l'UCI 1991 et 2005, muet depuis la publication du rapport de l'Agence américaine, a qualifié de «faux et mensonger» un article du quotidien néerlandais De Telegraaf intitulé «Hein Verbruggen: il n'y a pas de preuves contre Armstrong».

Dans un communiqué transmis à l'AFP par l'UCI, il «proteste avec force».

Cet article «suggère à tort que j'aurais déclaré que nonobstant le dossier de l'USADA il n'y a pas de preuve à l'encontre de Lance Armstrong», affirme-t-il.

Verburggen assure qu'il a simplement répondu par SMS à des questions sur les propos de Kathy Lemond, l'épouse de l'ex-coureur Greg Lemond, qui l'avait accusé d'avoir fermé les yeux sur un contrôle positif d'Armstrong lors du Tour de 1999 en échange d'un pot-de-vin de 500 000 $ versé par Nike.

Kathy Lemond citait un ancien mécanicien d'Armstrong, qui a depuis nié avoir tenu ces propos, dans un témoignage recueilli par les avocats du coureur. Nike vient aussi de rejeter catégoriquement ces «allégations inacceptables».

Tout semble indiquer que l'UCI aurait en fait accepté un certificat très probablement postdaté pour justifier l'utilisation d'une pommade aux corticoïdes par Armstrong lors de sa première victoire dans le Tour, en 1999.

En Italie, le quotidien sportif La Gazzetta dello Sport a révélé pour sa part que l'enquête de l'USADA avait ouvert une «boîte de Pandore» d'affaires louches.

Ainsi, le sulfureux docteur Michele Ferrari, suspendu à vie en juillet par l'Usada pour son rôle-clé dans le système de dopage d'Armstrong, est au centre d'une enquête sur un système complexe dans lequel des sommes de l'ordre de 30 millions d'euros (38,6 millions $) ont circulé via des comptes bancaires suisses, selon la Gazzetta.

Ferrari, qui a récemment nié avoir aidé Armstrong à se doper, serait appelé à répondre de plusieurs chefs d'accusation, notamment de contrebande, distribution, administration et utilisation de produits dopants, évasion fiscale et blanchiment d'argent.

Le médecin aurait fourni des programmes de dopage, des recettes pour tricher avec les contrôles et les services d'un avocat en cas de résultat positif à des cyclistes de haut rang, notamment l'Italien Michele Scarponi (vainqueur du Giro 2011) et le Russe Denis Menchov (vainqueur du Giro 2009) et à d'autres athlètes, selon le journal.

Son fils Stefano Ferrari, l'agent Raimondo Scimone, deux directeurs de banque de Lucerne et Neuchâtel, en Suisse, et l'avocat suisse Rocco Taminelli, qui a défendu à plusieurs reprises des coureurs accusés de dopage, sont également visés dans cette enquête qui devrait être conclue à la fin du mois.