L'Union cycliste internationale envisage la possibilité d'instaurer un mécanisme d'amnistie pour les coureurs et dirigeants prêts à avouer des cas de dopage, et ne prévoit pas remettre en question la décision de priver Lance Armstrong de ses sept titres du Tour de France.

Dans une entrevue avec l'Associated Press, vendredi, le président de l'UCI Pat McQuaid a révélé qu'il proposerait le scénario de l'amnistie à l'occasion d'une réunion, plus tard ce mois-ci, dans l'espoir d'améliorer l'image d'un sport qui a été ternie par le dopage.

«Je crois qu'il y a une place pour cela et je crois que l'UCI ferait bien (de l'instaurer), a déclaré McQuaid. C'est un sujet que j'aborderai moi-même avec le comité de gestion de l'UCI et c'est là quelque chose que nous envisagerons de faire.»

Au cours de cette réunion qui aura lieu les 19 et 20 septembre, on évaluera les possibilités que les coureurs et dirigeants coupables de dopage réagissent positivement à l'offre d'une amnistie.

«Il faudra examiner la façon dont on pourra mettre cela en place, quels seraient les paramètres, dans quel contexte cela a fonctionné dans le passé, et quels seraient les résultats par la suite, a affirmé McQuaid. Il faut travailler en harmonie avec les règles et les sanctions antidopage.»

L'UCI attend toujours de recevoir les éléments de preuve qui ont incité l'Agence américaine antidopage (USADA) à priver Armstrong de ses titres au Tour de France, une décision que l'ex-cycliste a choisi de ne pas contester.

McQuaid a fait savoir que la décision de la USADA d'imposer une suspension à vie sera seulement remise en question devant la cour s'il y a «des raisons sérieuses» de le faire. Il a ajouté que les sept titres du Tour pourraient ne pas être attribués à d'autres coureurs.

Reste à savoir maintenant si l'UCI entérinera la suspension à vie imposée à Armstrong par les autorités américaines. L'UCI espérait discuter de ce dossier à sa réunion du comité de gestion en septembre, mais elle attend toujours le dossier de la USADA.

«Cela semble effectivement un peu bizarre (que le dossier ne soit pas encore arrivé), a reconnu McQuaid. Ce que nous en pensons, c'est qu'ils n'avaient peut-être pas encore complété leur dossier. Nous tenions pour acquis qu'ils avaient un dossier complet puisqu'ils ont déjà annoncé qu'ils imposaient une suspension à vie à Lance Armstrong.»

Les titres remportés par Armstrong de 1999 à 2005 au Tour de France pourraient ne pas être attribués à d'autres athlètes, étant donné que pratiquement tous ceux qui ont terminé deuxièmes ces années-là ont été impliqués dans des cas de dopage ou de tricherie.

«Si on regarde les podiums de ces Tours, plusieurs d'entre eux ont été déclarés coupables de dopage d'une façon ou d'une autre, ou du moins ont été soupçonnés de dopage, a noté McQuaid. S'il faut en venir à cela, nous allons enlever les titres, et à savoir s'ils seront remis au coureur de deuxième ou troisième place, je ne sais pas... S'il s'avère que nous déclarons cette période comme étant une période noire, alors je ne craindrais pas d'agir de cette manière.»

Armstrong, qui a quitté le cyclisme en 2011, a toujours nié s'être dopé et a fait remarquer qu'il a subi des centaines de tests antidopage. McQuaid a indiqué que 215 tests effectués au fil de la carrière d'Armstrong ont été supervisés par l'UCI, et il a insisté pour dire qu'il n'y a pas eu de complot pour cacher un test positif subi par le Texan en 2001, comme on l'a avancé.

McQuaid a dit qu'il n'avait aucun reproche à se faire à ce chapitre.

«Il y a des gens qui disent que l'UCI a aidé Armstrong ou s'est fait le complice d'Armstrong en ce qui concerne ces tests, a-t-il dit. C'est absolument faux... Il y a bien des gens qui ne perdent pas de temps à déclarer des choses aux médias qui ne reposent sur aucune preuve.»

McQuaid a été particulièrement dur à l'endroit de Tyler Hamilton, l'un des témoins de la USADA qui a publié cette semaine un livre qui condamne Armstrong. Le grand patron de l'UCI a affirmé que les preuves avancées par Hamilton sont suspectes et il s'est demandé si on peut s'y fier.

«Il n'affiche absolument aucun remords dans tout le livre pour ce qu'il a fait et ce qui s'est passé dans le monde du cyclisme à l'époque, a-t-il noté après avoir lu des extraits du livre de Hamilton. Cela ne m'impressionne pas.

«Et ensuite je me demande quel est son but quand il reconnaît ses fautes. Il déclare que c'est un poids de moins sur ses épaules... Si c'est le cas, il doit alors accepter et reconnaître les dommages que cela a faits au cyclisme, et que cela continue de faire au cyclisme.»

Lorsqu'on lui a demandé si les affirmations avancées par Hamilton sont suspectes, McQuaid a répondu: «Je crois que oui... Quand des gens tentent de faire coïncider la publication d'un livre avec certaines situations, je remets en question leurs intentions réelles. Est-ce pour faire de l'argent?»