Vainqueur-surprise du Giro en mai dernier, le Canadien Ryder Hesjedal a donné l'exemple à tous ceux qui peuvent nourrir des ambitions cachées, dans l'ombre des favoris du Tour de France.

Une surprise peut-elle se reproduire dans le Tour 2012? Thomas Voeckler était passé près d'un exploit majuscule l'an passé, en figurant encore parmi les potentiels vainqueurs à trois jours de l'arrivée. Le Français (quatrième finalement) le reconnaît avec du recul, il aurait pu et dû terminer deuxième sans une erreur dans l'étape de l'Alpe d'Huez, 48 heures avant l'arrivée à Paris.

Hesjedal, sous-estimé dans le Giro malgré sa sixième place du Tour 2010, a ouvert la route. Mais le Tour présente un autre degré de concurrence et un profil différent, avec plus de 100 kilomètres de contre-la-montre cette année.

«On a tendance à dire que le maillot jaune va se jouer sur les "chronos" mais les gros rouleurs ne sont pas à l'abri d'avoir une défaillance en montagne, c'est envisageable», relève Thierry Bricaud, qui dirige l'équipe FDJ-BigMat.

«Cette année, pas mal de coureurs peuvent prétendre à un podium, voire gagner. Il y a sûrement un resserrement des valeurs, ce qui rend la course plus incertaine, ajoute-t-il. Le paradoxe, c'est que ça peut bloquer la course», la peur de perdre de précieuses secondes l'emportant sur la prise de risque nécessaire pour tenter de gagner.

Le «Monsieur X» de la course

Derrière les deux favoris (Wiggins, Evans), la liste est longue des coureurs aptes à se jucher sur le podium, au moins à s'en approcher (Nibali, Gesink, F. Schleck, Menchov, Van den Broeck, Hesjedal, Valverde, Froome, P. Velits, etc). Avec, en deuxième file, des coureurs solides susceptibles de hausser leur niveau en fonction des circonstances, comme Voeckler l'an passé.

Les noms? «Beaucoup de coureurs peuvent prétendre à entrer dans le classement par surprise, sourit Yvon Ledanois (Movistar). Je préfère ne pas donner de noms, j'ai déjà une petite idée».

Alain Gallopin (RadioShack) se risque à un pronostic, argument à l'appui: «Tony Martin ne serait pas une

surprise pour moi. Les années précédentes, il avait un programme très chargé. Il arrivait sur le Tour en ayant gagné des "chronos" et en ayant roulé pour Cavendish. Cette année, le programme de montagne n'est pas trop lourd, ça peut lui convenir».

Au-delà de l'identité du «Monsieur X» de la course, les techniciens s'accordent sur l'hypothèse d'une course contrôlée par l'équipe de Wiggins mais qui pourrait s'ouvrir brusquement en fonction des circonstances.

«À la pédale, il y a pas mal de coureurs qui auront peut-être du mal à gagner, résume Thierry Bricaud. Mais ils savent qu'à la faveur d'un concours de circonstances, en étant offensifs, il peuvent prendre un peu de temps et gagner un Tour de France».