Dernier volet de notre série de portraits de passionnés du vélo. Aujourd'hui: Olivier Paradis, cyclotouriste globe-trotter.

À 7 heures du matin, Olivier Paradis ouvre la fermeture éclair de sa tente, puis jette un oeil à sa bicyclette. Elle est toute blanche, complètement givrée. En cette fin d'octobre 2008, il fait moins 35 degrés Celsius au Yukon. Une température idéale pour rouler 70 kilomètres en solitaire sur la neige et la glace de la Dempster Highway.

Le jeune passionné de plein air n'est pas un cycliste comme les autres. En fait, ce guide de cyclotourisme pour Vélo-Québec admet qu'il ne pédale pas pour le plaisir. Le voyageur sur deux roues recherche plutôt des défis pour se délier les jambes. Il trouve ses sensations fortes au coeur de l'Afrique australe ou sur la neige du Yukon. Il revient tout juste d'une excursion de 2700 kilomètres sur le sable du sud du Maroc.

Tintin cycliste

Après des études collégiales en tourisme d'aventure à Québec, Olivier Paradis décide de faire le tour des Maritimes à vélo. Un voyage plus classique qui lui donnera la piqure du cyclotourisme.

Un an plus tard, Olivier met le cap sur l'Afrique. L'objectif: rouler sur des routes jamais empruntées par des cyclistes. Son périple le mène à travers l'Afrique du Sud, la Tanzanie, le Malawi la Zambie et le Botswana.

«Pendant six mois, je n'ai rencontré qu'un cycliste, raconte le jeune homme à la barbe mal taillée et au petit chapeau de paille. J'ai roulé dans des chemins de sable où les gens n'avaient jamais vu de Blancs.»

Dans le nord du Mozambique, son attirail de cycliste effraie les habitants des zones rurales. «C'est l'un des points les plus reculés d'Afrique, explique l'aventurier de 24 ans. Il y a un moment où j'ai arrêté de mettre mes lunettes de soleil et mon casque parce que des gens avaient vraiment peur!»

Au royaume des éléphants et des lions, le cavalier solitaire n'a pas le confort d'une fourgonnette de safari... ni la même sécurité. «À bicyclette, croiser des animaux, c'est plus dangereux, mais l'émotion est 100 fois plus forte. De très beaux moments, d'autres, très effrayants... On me disait de faire attention aux lions. Mais qu'est-ce que je devais faire si ça se passait mal? Pédaler?»

Dans les quatre sacoches accrochées à son vélo, Olivier traîne une dizaine de litres d'eau. En tout, sa bicyclette et ses bagages pèsent plus de 120 livres (54 kg). Entre ses étapes de 100 kilomètres par jour, il n'est pas toujours en mesure de se ravitailler dans un village. Pour manger et dormir, il se rabat sur l'hospitalité africaine. «C'est une manière économique de voyager. Je ne paie pas pour le transport et je ne couche presque jamais à l'hôtel. Neuf fois sur dix, je campais chez des locaux. Ma tente, c'est ma maison.»

Vers l'inconnu

Même si les routes africaines lui ont beaucoup appris, la véritable passion d'Olivier Paradis s'avère le cyclotourisme d'hiver. Il y a près de trois ans, il a roulé sur la Dempster Highway au Yukon. Pendant deux semaines, il était complètement autonome du point de vue alimentaire. Sa diète était composée de noix, de fromage et de nourriture déshydratée.

La route est très touristique l'été, mais complètement abandonnée l'automne et l'hiver. Huit cents kilomètres de toundra avec une température qui oscille entre moins 15 et moins 40 degrés. «J'ai été bloqué au 600e kilomètre parce que les rivières gelaient et que les ponts de glace n'étaient pas encore construits. Il y avait des caribous à ce moment-là, un troupeau de 1000 têtes environ. Ils migraient à partir de l'Arctique vers le sud. Un moment extraordinaire.»

Entre les voyages en Europe et en Amérique qu'il organise pour Vélo-Québec, Olivier rêve d'enfourcher à nouveau son vélo de montagne orangé sur de nouvelles routes enneigées. Son objectif est de refaire la Dempster Highway, mais au mois de janvier, une période de l'année où il peut faire jusqu'à -60 degrés. Cette fois, il veut aller jusqu'au bout. Il prépare aussi un voyage dans le Nunavik, sur les chemins de glace de la baie d'Hudson qui ravitaillent les villages inuits en hiver. «Les plus beaux endroits sont souvent les plus durs à atteindre. Après avoir forcé pendant des jours pour voir un paysage, c'est encore plus merveilleux.»

Photo fournie par Olivier Paradis

Olivier Paradis au Yukon.