L'Espagnol Alberto Contador a contrôlé samedi la montée du Zoncolan, seule vraie difficulté de la 14e étape du Giro après la suppression contestée du Monte Crostis sur fond de polémiques.

Deuxième derrière le grimpeur basque Igor Anton au sommet du Zoncolan, la montagne-totem du Frioul, Contador a affermi son pouvoir sur le Giro. Mais il a pris la précaution de grignoter quelques secondes supplémentaires sur l'Italien Vincenzo Nibali, son suivant au classement général.

Sous la pluie qui s'est abattue à l'arrivée, le porteur du maillot rose a essuyé des sifflets, à l'altitude de 1730 mètres. Pour lui-même, peut-être, ou pour le manageur de son équipe Saxo Bank, Bjarne Riis, juché sur une moto suiveuse et critiqué pour son rôle supposé dans l'annulation tardive, la veille au soir, du Monte Crostis, le col tout proche.

À la fureur d'Angelo Zomegnan, le directeur du Giro, le président du jury des commissaires a tenu compte en effet de l'avis des responsables d'équipes. D'une majorité en tout cas, puisque cinq équipes italiennes étaient favorables à franchir le Crostis, un col inédit du Frioul empruntant une route très étroite, pour lequel beaucoup d'efforts avaient été déployés sur place afin de sécuriser le passage de la course.

Mais les patrons d'équipes, Riis en tête, ont insisté sur le fait de devoir s'en remettre à des motos suiveuses (comme au Zoncolan) afin d'assurer d'éventuels dépannages. Au point que le président du jury, représentant l'Union cycliste internationale (UCI), a finalement cru bon de dénouer in extremis un problème existant depuis plusieurs mois.

Succès basque

Angelo Zomegnan a eu beau jeu de souligner que le parcours du Giro avait été présenté en... octobre et que plusieurs réunions techniques avaient eu lieu à ce sujet. Il s'en est pris aussi aux patrons d'équipes («installés dans leurs voitures à air conditionné», a-t-il insisté) qui veulent prendre le pouvoir dans le cyclisme. Toujours est-il que le Giro a dû faire l'impasse sur le Crostis et même sur la montée de remplacement, à cause du mécontentement du public qui voulait bloquer le Tour d'Italie.

La course s'est résumée à une course de côte dont a tiré profit Anton. «C'est ma plus belle victoire», a estimé le grimpeur basque de 28 ans qui avait chuté l'an passé sur la Vuelta dont il portait le maillot rouge de leader (14e étape).

Anton, qui a gardé de ces chutes des plaques métalliques à une clavicule et à un fémur, s'est dégagé à moins de 7 kilomètres du sommet installé dans ce stade naturel exceptionnel qu'est le Zoncolan. Derrière lui, Contador est resté avec le grimpeur italien Michele Scarponi avant que Nibali revienne et accélère. Scarponi a lâché prise alors et Contador a suivi le Sicilien pour le distancer finalement, à l'approche du dernier kilomètre.

Mais cette accélération du maillot rose n'a pas mis en danger le succès d'Anton, lequel ne représente pas un réel danger pour son compatriote. Les deux hommes pourraient même avoir des intérêts communs dans les prochaines journées de montagne, à commencer par l'étape-reine des Dolomites, dimanche, entre Conegliano et le refuge Gardeccia (229 km). Même si Anton a pris soin de relativiser: «Je cours pour moi et pour mon équipe.»