Le Giro, qui fête cette année le 150e anniversaire de l'unité italienne, s'accorde un favori espagnol, Alberto Contador, au départ samedi de Turin où la course rose débute par un contre-la-montre par équipes.

«C'est Vincenzo Nibali qui est l'homme à battre», estime Contador à la veille du départ. Avant de citer un autre représentant italien, le grimpeur Michele Scarponi, tant le parcours de cette 94e édition s'annonce montagneux avec pas moins de 8 arrivées au sommet en 21 étapes, jusqu'à l'arrivée à Milan le 29 mai.

Contador favori

Comment échapper aux responsabilités dans sa position ? L'Espagnol de 28 ans est invaincu dans les grands tours depuis 2007 (cinq victoires). Même si son dernier succès dans le Tour de France 2010, terni par un contrôle antidopage positif pour lequel il plaide innocent, est suspendu à la décision que le Tribunal arbitral du sport (TAS) doit rendre en juin.

Contador, qui ignore la suite d'un programme conditionné par le jugement du TAS, a tenu à revenir sur le Giro, trois ans après sa première victoire: «J'en ai gardé un très beau souvenir.» Le parcours, qui multiplie les arrivées en altitude, avantage celui qui est en théorie le meilleur grimpeur du peloton. Restent deux inconnues, liées au rendement de son équipe malgré le renfort de l'Australien Richie Porte et surtout à son propre niveau. Le Madrilène sera-t-il à son niveau de 2008 ou 2009 ? Le début de saison n'a pas apporté de réponse formelle.

A son sujet, les avis divergent. «Ce ne sera pas facile pour lui de résister à la pression», estime le grimpeur espagnol Joaquin Rodriguez, convaincu que le leader de la Saxo Bank est «prenable». «Il est capable d'être concentré à 100 pour cent», rétorque son compatriote Carlos Sastre. Le rappel du Tour de France 2009, pendant lequel Contador avait surmonté un environnement défavorable, plaide en ce sens.

Les adversaires

«Je mettrai Nibali en première ligne à côté de Contador», résume le Russe Denis Menchov, le successeur de Contador au palmarès du Giro (2009). L'Italien, vainqueur de la dernière Vuelta, s'inscrit comme l'héritier de son aîné de la Liquigas, Ivan Basso, le lauréat de l'année passée (absent cette fois). Symboliquement, en cet anniversaire de l'unité du pays, c'est un homme du Sud, un Sicilien de 26 ans «émigré» en Toscane pour exercer son métier, qui porte les espérances d'un cyclisme italien rongé par le dopage.

L'autre «chance» italienne, Scarponi (31 ans), crédité d'un début de saison tonitruant, veut progresser par rapport à sa 4e place de l'année passée, voire gagner. Comme lui, les grimpeurs (Anton, Rodriguez) se frottent les mains d'un parcours frôlant la démesure. Mais, rappelle Menchov, prototype du coureur régulier à défaut d'être brillant, «c'est une course faite d'abord pour les coureurs forts, résistants». Physiquement et mentalement.

A la différence de Contador, qui espère disputer ensuite le Tour, ses principaux rivaux concentrent leurs efforts sur le Giro et ses exigences. Souvent piégeuses, les routes italiennes ménagent leur lot de surprises, par des conditions météo diverses et dans des décors évocateurs, des flancs volcaniques de l'Etna (Sicile) aux roches calcaires des Dolomites (nord).

«La plus belle course du monde dans le plus beau pays du monde», résume son organisateur qui a programmé pour commencer un «chrono» par équipes de prestige, de l'ancienne résidence de la famille de Savoie (Venaria Reale) jusqu'au coeur de Turin. A grande vitesse probablement, sur 19,3 kilomètres le plus souvent rectilignes.