L'Union cycliste internationale (UCI) a publié vendredi une lettre ouverte aux coureurs dont une grande majorité s'oppose à la mesure d'interdiction des oreillettes en vigueur cette année dans la plupart des épreuves.

«L'UCI est persuadée que le véritable enjeu ne concerne pas les radios, mais bien le pouvoir et le contrôle», écrit son président Pat McQuaid en expliquant: «L'UCI est consciente des démarches entreprises par certains managers pour mettre en place une ligue privée, le World Cycling Tour, excluant l'UCI.»

Le président de l'UCI, qui cite nommément Johan Bruyneel (manager de RadioShack) dans ce projet, précise en préambule que «les menaces de mesures 'drastiques' et les ultimatums ne mèneront nulle part et ne feront qu'envenimer les choses».

«En 2008, détaille-t-il, j'ai été invité à une réunion avec le plus important producteur d'images télévisées du cyclisme, France Télévisions, dont les responsables m'ont clairement indiqué que si les radios continuaient à être utilisées dans le cyclisme comme elles l'étaient alors, la couverture du cyclisme à la télévision serait réduite».

«Suite à cette inquiétante conversation, j'ai discuté avec d'autres médias qui m'ont fait part de points de vue similaires. Vous savez en effet que la télévision allemande a cessé de retransmettre les épreuves de cyclisme. Le dopage explique en grande partie cette décision, mais ce n'est pas le seul élément. Si le produit était suffisamment intéressant pour que les gens le plébiscitent, ARD et la ZDF n'auraient pas stoppé sa diffusion», ajoute Pat McQuaid.

«Les coureurs ont-ils subi des pressions?»

Le président de l'UCI rappelle que les coureurs et les directeurs sportifs ont siégé dans le groupe de travail qui a étudié la question des oreillettes et s'étonne du changement intervenu dans l'opinion des coureurs.

En 2008 et 2009, leur association (CPA) n'avait obtenu que 200 réponses quand elle avait consulté ses 865 membres sur le sujet, le sondage «laissant apparaître une diversité d'opinions très équilibrée entre les pour et les contre».

«Bien que la situation générale n'ait pas changé, il est aujourd'hui allégué que 90 % d'entre vous êtes convaincus que les oreillettes sont indispensables. L'UCI ne peut que prendre note de ce soi-disant changement de tendance extrêmement surprenant», poursuit Pat McQuaid en interrogeant: «Que s'est-il passé dans le peloton ? Les coureurs ont-ils subi des pressions ? Êtes-vous réellement libres dans l'expression de votre opinion ?»

«Malgré les remarquables progrès de nos résultats antidopage, nous évoluons constamment dans un environnement de suspicion et de tension face à l'opinion publique», remarque enfin le président de l'UCI. «Malheureusement, sur ce point, les coureurs ont trop souvent tendance à oublier leur rôle et leurs responsabilités. (...) Je n'ai jamais entendu le CPA, votre association de coureurs, ni l'AIGCP, celle des équipes, faire preuve d'une telle indignation, d'une telle mobilisation ou d'un tel militantisme contre les scandales de dopage qui se produisent dans notre sport. Quand on évoque la question d'une contribution à la lutte contre le dopage sur les prix des coureurs, on se heurte à un refus catégorique».