L'Espagnol Alberto Contador, qui va écoper d'une suspension d'un an après son contrôle antidopage positif, récolte une sanction de compromis à même, sauf appel ou coup de théâtre, de lui faire perdre deux Tours de France, celui gagné en 2010 et le prochain en juillet.

UNE SANCTION A CONFIRMER. Contador, en stage aux Baléares avec sa nouvelle équipe (Saxo Bank), a reçu mercredi notification de la proposition de sanction du comité compétent de la fédération espagnole (RFEC). Selon la RFEC, il a dix jours pour réagir avant que la décision soit définitive, soit avant la mi-février. Dans cette procédure compliquée, l'annonce spectaculaire de mercredi soir ne représente donc qu'une étape. Mais elle est fondamentale.

L'Espagnol se bat juridiquement -ses conseillers ont réuni un épais dossier de quelque 500 pages- mais aussi médiatiquement pour tenter de convaincre qu'il n'y a pas volonté de dopage. Il a d'ailleurs prévu de s'exprimer vendredi devant les médias. Pour toutes les parties, Contador d'une part, Union cycliste internationale (UCI) et Agence mondiale antidopage (AMA) d'autre part, il existe enfin la possibilité d'introduire un recours devant le Tribunal arbitral du sport (TAS), en cas de contestation de la sanction.

UNE PEINE-COMPROMIS. L'équipe de Contador a d'ores et déjà employé le terme de «peine réduite à un an» pour évoquer la sanction concernant son nouveau leader. C'est dire que cette durée de suspension autorise le Madrilène à continuer à soutenir qu'il n'y a pas eu intention de dopage même si des traces infimes de clenbutérol, un bêta-stimulant aux effets anabolisants, ont été trouvées dans ses échantillons du 21 juillet 2010, lors de la seconde journée de repos du Tour. En somme, des circonstances atténuantes pour une faute qu'il dit ne pas avoir commise.

Depuis le début de l'affaire, mise sur la place publique fin septembre, son explication n'a pas varié: une contamination alimentaire due à la consommation de viande. Mais le simple fait qu'il y ait sanction semble indiquer que le triple vainqueur du Tour (2007, 2009, 2010) n'a pu convaincre formellement de sa défense, à savoir l'absence de faute ou de négligence.

Un an, c'est aussi la durée de suspension infligée en octobre dernier à l'Italien Alessandro Colo par l'autorité antidopage de son pays. Lui aussi était positif au clenbutérol, lui aussi plaidait la contamination alimentaire (au Mexique). Il est à noter que l'UCI n'avait pas fait appel devant le TAS à son sujet.

DEUX TOURS A OUBLIER. Pour Contador, les conséquences sont lourdes, tant sportives que financières (une lourde amende l'attend) mais à relativiser. Sauf si le TAS décidait -hypothèse peu probable- de le blanchir en cas d'appel, il perdrait le bénéfice de sa victoire 2010 au bénéfice du Luxembourgeois Andy Schleck, le deuxième du classement final sur les Champs-Elysées le 25 juillet dernier. Mais Schleck devra attendre la fin de la procédure avant d'être déclaré vainqueur par l'UCI.

En corollaire, Contador, qui est suspendu à titre provisoire depuis le 24 août par l'UCI, devrait renoncer aux grands tours en 2011. Notamment au Tour de France (2 au 24 juillet), mais aussi à la Vuelta dont le départ est fixé cette année au 20 août. En revanche, il pourrait disputer les Championnats du monde de Copenhague. Ce programme, très réduit, ne compromettrait pas toutefois la suite de sa carrière. Or, le Madrilène a signé un contrat de deux ans, à prix d'or, pour l'équipe Saxo Bank dont le patron, Bjarne Riis, est évidemment concerné par la décision que va prendre l'Espagnol.

L'UCI et l'AMA n'ont pour l'instant rien laissé filtrer de leur position sur le compromis d'un an proposé par l'instance espagnole. Que feront-elles ? Tout juste peut-on noter qu'elles ont été échaudées par le coût faramineux de la procédure engagée par l'Américain Floyd Landis, en vain. Landis, le seul vainqueur du Tour déclassé pour dopage (2006)... avant Contador.