La championne olympique Clara Hughes revient à la compétition parce qu'elle veut savoir: les limites existent-elles?

Plus précisément, la question est de savoir s'il y a des limites pour la remarquable athlète de 38 ans, qui a gagné six médailles aux Jeux d'été et d'hiver.

Hughes a indiqué au Toronto Star qu'elle souhaite se qualifier au sein de l'équipe canadienne de cyclisme en vue des Jeux olympiques de 2012, à Londres. Elle veut faire partie de la poursuite par équipe, sur piste, et courir le contre-la-montre sur route.

Une nouvelle médaille ferait d'elle l'olympienne canadienne la plus décorée de l'histoire. Elle en aurait une de plus que la patineuse de vitesse Cindy Klassen, avec qui elle est présentement ex aequo.

Ce n'est toutefois pas cela qui la motive, mais plutôt la certitude de n'avoir jamais atteint son apogée comme cycliste, même si elle a remporté des médailles aux JO et aux Championnats du monde avant d'abandonner ce sport en 2003.

«C'est très excitant. J'ai l'occasion d'essayer de mieux faire les choses et de le faire d'une manière unique, à ma façon, en y mettant mes 20 années d'expérience, a dit Hughes en entrevue téléphonique. Mais je veux le faire en sentant que je peux apprendre, croître et m'améliorer. Je ne suis même pas proche de mes limites. Je veux juste savoir si ça existe, les limites.»

Hughes n'hésite pas lorsqu'on lui demande ce qui la rend confiante de pouvoir réussir, alors que les retours de tant d'autres athlètes ont échoué. «Je ne vois pas du tout ça comme un retour, dit-elle. Je ne fais que suivre ma voie. Je n'ai pas encore fini.»

De fait, après avoir gagné le bronze dans le 3000 m féminin lors des Jeux olympiques de Vancouver, en février, Hughes a dit qu'elle avait disputé sa dernière course en patinage de vitesse. Mais elle n'a jamais prononcé le mot retraite. Elle est aussi restée en contact étroit avec le cyclisme en travaillant comme analyste pour la CBC. «J'ai vu les meilleures athlètes en action et j'ai l'impression que je suis encore capable de tenir mon bout face à elles», dit-elle.

Hughes a un plan de match, elle est financée par deux hommes d'affaires canadiens et par le commanditaire COLD-FX, et elle a un nouvel entraîneur, Chris Rozdilsky, de PowerWatts Premier Studio, à Montréal. «Il a la même passion, la même motivation et le même sens du détail que moi», dit-elle.

L'équipe féminine de poursuite est prometteuse. La double championne du monde Tara Whitten devrait en être un élément fondamental. C'est justement Whitten qui a amené Hughes à considérer un retour en poursuite quand elles ont pris le thé ensemble, en janvier, avant les Jeux de Vancouver.

«Je lui ai dit: «Ne me parle pas de ça maintenant, car je suis concentrée sur le patinage de vitesse et les Jeux olympiques. Mais pose-moi la question dans six mois et peut-être que je changerai d'idée»«, raconte Hughes en riant.

Hughes s'est entraînée avec Whitten et l'équipe de cyclisme sur piste au cours de l'été pour voir si elle avait «envie de remonter sur les planches». «J'ai adoré, dit Hughes. Ça m'a confortée dans mon désir d'aller de l'avant.»

Hughes est loin d'être la seule athlète de 38 ans et plus à essayer de faire sa marque en sport féminin. La nageuse américaine Dara Torres avait 41 ans quand elle a remporté trois médailles d'argent aux Jeux olympiques de Pékin. «Jeannie Longo, à 51 ans, vient de finir cinquième aux Championnats du monde (de cyclisme sur route), dit Hughes. Faut-il en dire davantage?»

Elle sait par contre qu'elle ne sera pas aux Jeux olympiques d'hiver de Sotchi, en 2014. «J'ai toujours obéi à mon instinct. À Vancouver, j'ai fait ma dernière enjambée à la ligne d'arrivée, j'ai regardé le cadran et j'ai eu la satisfaction d'avoir fait la course de ma vie comme je l'avais toujours espéré, et je savais que ça y était, que je ne patinerais plus jamais en compétition.»

«Je rêve de faire la même course en vélo, de franchir la ligne, de regarder l'horloge, de repenser à ma course et de me dire: «Ça y est. C'était ma dernière. C'est fini».»