Les coureurs du Tour de France suspectés de dopage devraient être testés en pleine nuit, suggèrent dans un rapport publié jeudi les observateurs indépendants de l'Agence mondiale antidopage (AMA), qui invitent le cyclisme à être encore plus mordant dans sa stratégie de contrôles.

Après avoir été accusée l'an dernier d'incompétence et de favoritisme par l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), l'Union cycliste internationale (UCI) avait invité l'Agence mondiale à venir surveiller le dispositif mis en place sur la Grande Boucle en juillet.

Les six observateurs de l'AMA, qui se sont relayés en deux équipes sur l'épreuve, jugent d'emblée que «le programme antidopage sur le Tour 2010 était de bonne qualité». Et rappellent que rares sont les sports à mener une politique antidopage aussi poussée que le cyclisme.

S'ils ne relèvent aucune erreur majeure ou défaillance grossière, ils notent cependant que la stratégie de contrôles antidopage gagnerait à être moins prévisible et plus agressive.

«Au début du Tour, l'équipe d'observateurs a senti que les heures de contrôles restaient trop prévisibles et que les tests à l'arrivée d'une étape pesaient trop lourdement (en proportion) par rapport aux missions menées tôt le matin ou tard le soir», écrivent-il.

Les contrôles inopinés étaient presque attendus par les coureurs, selon les observateurs, puisqu'ils survenaient toujours avant les étapes difficiles, notamment celles de montagne, ou les jours de repos.

Sans jamais donner de noms, ils s'étonnent que quelques coureurs sur lesquels pesaient de forts soupçons n'aient été que rarement contrôlés par surprise. Que l'un ait même échappé à tout contrôle entre avril et le coup d'envoi à Rotterdam. Et que pour d'autres des contrôles ciblés aient tardé malgré les recommandations du laboratoire.

Arrivée plus discrète

L'arrivée des contrôleurs dans les hôtels devrait aussi être plus discrète. «A deux occasions, l'équipe d'observateurs a pu voir clairement deux personnes regardant le parking depuis leur fenêtre, à moitié cachées par le rideau, tout comme un membre de l'équipe assis à l'entrée de l'hôtel, qui a immédiatement utilisé son téléphone portable», relate le rapport.

«Il est essentiel qu'à l'avenir une approche plus variée, ciblée et agressive pour attraper les coureurs soit une priorité pour l'UCI», font valoir les observateurs.

Ainsi, ils invitent la fédération à «considérer sérieusement à mettre fin à la règle informelle et au confort voulant que les coureurs ne soient pas contrôlés au milieu de la nuit, comme ils le savent tous bien».

Tout en sachant la levée de bouclier qu'une telle mesure peut susciter. Car à l'heure actuelle, nombre de sportifs voient déjà comme une large atteinte à leur vie privée le fait de pouvoir être dérangés pour donner leur sang ou leur urines entre 6h00 du matin et 11h00 du soir.

Le rapport évite de s'étendre sur le contrôle anormal d'Alberto Contador, le vainqueur de l'épreuve, dont le cas révélé fin septembre est toujours sous investigation.

Mais il déplore en toutes lettres la guerre que se mènent les deux autorités de contrôle, à savoir la fédération sportive (UCI) et l'agence nationale antidopage (AFLD).

«La lutte contre le dopage est assez difficile comme cela en temps heureux, aussi le manque de coopération et de confiance évident entre l'UCI et l'AFLD lors du Tour était extrêmement décevant à observer», écrivent les observateurs, qui appellent les deux organismes à des «discussions urgentes» pour plus d'efficacité en 2011.