Le rusé grimpeur espagnol Igor Anton (Euskaltel) a roulé tout le monde dans la farine pour remporter mercredi sur les cimes d'Andorre la 11e étape du Tour d'Espagne et s'emparer du maillot rouge, avec une sérieuse option pour la victoire finale.

Au classement général, grâce à son avance et au jeu des bonifications, il devance de 45 secondes l'Italien Vicenzo Nibali et de 1 min 04 sec son compatriote Xavier Tondo.

Le Russe Denis Menchov ne croyait pas si bien dire en augurant la veille que cette étape usante de 208 km d'ascension pyrénéenne - départ de Vilanova y la Geltru à 120 m d'altitude et arrivée au sommet andorran de Pal à 1900 m - marquerait «le vrai début de la Vuelta».

Pour ce supposé favori, ç'aura été la vraie fin. 20e au général à 3 min 30 sec du leader mardi soir, il se retrouve 28e à près de 9 minutes de retard sur Igor Anton, qui a joué un coup parfait de poker menteur.

Passée la ville d'Andorre, Anton a feint un mauvais jour dans l'ascenscion finale vers le col de Pal, se laissant glisser dans le mou du peloton, laissant les leaders au général se surveiller aux avants-postes.

A environ quatre kilomètres de l'arrivée, le vétéran espagnol Ezequiel Mosquera a lancé une attaque violente, poursuivant son effort sans se retourner, lâchant peu à peu les cadors.

Ressuscité, Anton a alors remonté tout le monde au train, y compris Mosquera, qu'il a à son tour déposé sur place par une attaque imparable, avant de s'envoler seul vers sa deuxième victoire d'étape (il avait remporté déjà la 4e), les bonifications et le maillot rouge.

«Le tout pour le tout»

«Je suis sur un nuage, content comme un petit garçon», a confié à l'arrivée le grand vainqueur du jour.

«Il reste encore beaucoup de course, et il faut avancer avec tranquillité, en comptant sur l'équipe et sans la faire travailler inutilement. Je ne suis pas venu pour gagner cette Vuelta, mais une bonne occasion se présente et je vais essayer de ne pas la laisser passer», a-t-il ajouté.

Interrogé sur son coup de bluff, Igor Anton a joué les innocents, assurant qu'il était «un peu juste» avant le final et qu'il n'avait pas voulu se mettre dans le rouge, préférant rouler à son rythme...

«Je ne comptais pas sur la victoire. Je cherchais le maillot ou distancer d'autres coureurs. Mais quand j'ai vu que je pouvais rejoindre Mosquera, j'ai pensé +maintenant c'est le tout pour le tout+, et j'ai décroché le gros lot, l'étape, le maillot».

Pour Mosquera, c'était la résignation: «Quel dommage, j'étais proche de la victoire, c'est mon destin de finir deuxième, troisième. Cette année, je pensais que la victoire n'allait pas m'échapper, et puis j'ai vu Igor Anton».

Déception aussi pour Joaquin Rodriguez, qui s'était emparé mardi du maillot rouge et se retrouve 4e au général: «C'est dommage parce que je connaissais cette montée et je savais qu'elle m'allait bien. Mais je n'arrivais pas à suivre, j'ai craqué complètement».

L'italien Vicenzo Nibali, plus fort qu'Anton au contre-la-montre, n'a pas perdu espoir: «J'ai perdu des secondes au général, mais ce n'est pas trop important. Ce qui compte, c'est que je me suis trouvé bien dans la haute montagne, et je vais continuer».