Dominique Rollin a bien choisi sa journée pour réveiller ses jambes de sprinter. Le coureur de Boucherville a échappé la victoire de justesse lors de la deuxième étape du Tour international de Poitou-Charentes, en France, se classant deuxième par moins d'une demi-roue. Au même moment, à l'hôtel de ville de Québec, les organisateurs du Grand Prix cycliste ProTour dévoilaient la liste provisoire des 176 partants prévus pour les deux courses disputées à Québec et Montréal, les 10 et 12 septembre.

Sans surprise, Rollin figure en bonne place dans l'équipe nationale canadienne, qui a repêché le cycliste québécois après le retrait inattendu de son équipe professionnelle Cervélo.

«Ça fait du bien au moral de voir que la forme est là, que je peux faire quelque chose et que j'ai retrouvé un peu mon sprint. Ça me permet de voir que je serai au meilleur niveau pour les deux courses à Montréal et Québec», a raconté Rollin depuis sa chambre d'hôtel, hier.

Ce regain de forme vient effectivement à point car le peloton annoncé pour les épreuves québécoises est relevé. Ce ne sera pas le Tour de France ni le championnat du monde, mais un événement de grand calibre, ce qui allait de soi avec la présence assurée des 18 équipes du ProTour, le niveau de compétition le plus relevé de l'Union cycliste internationale, offert pour la première fois en Amérique du Nord.

«Oui, les équipes inscrites au ProTour doivent être présentes, mais rien ne les oblige à amener leurs meilleurs coureurs, surtout quand il y a la Vuelta (Tour d'Espagne) en même temps», a souligné Jacques Landry, ancien coureur et directeur technique de l'Association cycliste canadienne. «Chapeau aux organisateurs pour avoir suffisamment relevé le profil de la course pour que les bons coureurs soient là. Ce sera un excellent spectacle, tant à Québec qu'à Montréal.»

Des noms? Ryder Hesjedal, vedette canadienne surprise du dernier Tour de France. L'Espagnol Samuel Sanchez, quatrième du Tour et champion olympique. Les Italiens Ivan Basso et Damiano Cunego, gagnants du Giro, et Alessandro Ballan, ancien champion du monde. Les vétérans américains Levi Leipheimer et Chris Horner, top 10 au Tour, et le champion national George Hincapie. Une solide représentation française avec Sylvain Chavanel, Sandy Casar, Thomas Voeckler, Pierrick Fédrigo, tous gagnants d'étape à la Grande Boucle, en plus du maillot à pois Anthony Charteau. Ainsi que plusieurs jeunes coureurs déjà performants et représentant l'avenir du cyclisme, les Gesink, Brajkovic, Boasson Hagen, Sagan, Breschel, Fuglsang, Pinot.

Si tout le monde a envie de courir, ça fera des flammèches, surtout sur des parcours accidentés comme ceux du Vieux-Québec et du mont Royal.

«C'est quasiment comme un championnat du monde, à la maison, dans ma cour», s'est réjoui le vétéran Charles Dionne, lui aussi retenu dans l'équipe canadienne. «Je suis bien content de voir ça. On fera une bonne préparation et on essayera de savourer la course le plus possible, surtout que je ne sais pas combien d'années il me reste dans le vélo.»

Attention, rien n'est coulé dans le béton. Les équipes ont le loisir de modifier la moitié de leur alignement jusqu'à 72 heures avant le départ. Annoncé en juillet dernier, le champion du monde australien Cadel Evans a depuis déclaré forfait, citant une blessure.

Petit bémol pour les organisateurs, l'absence d'une grande vedette connue des non-initiés, comme Alberto Contador, Andy Schleck ou Lance Armstrong. Jacques Landry est d'avis que la présence d'Hesjedal compensera: «On n'a parlé que de lui pendant le Tour.»

Armstrong sera néanmoins au Québec pour deux événements caritatifs, le Tour de Lance des Cèdres et le 24h de vélo de Tremblant. Il faut donc s'attendre à le voir sur le bord du parcours comme spectateur.

Neuf des 12 coureurs de l'équipe canadienne sont québécois. Outre Rollin et Dionne, dont la sélection est acquise pour la première course de Québec, Martin Gilbert, David Boily, Guillaume Boivin, Bruno Langlois, François Parisien, David Veilleux et Keven Lacombe devraient s'aligner dans au moins l'une des deux épreuves. Blessé à un genou lors d'une course récente en France, Gilbert attendait les résultats d'un examen d'imagerie par résonance magnétique avant de s'engager définitivement.

«Je ne pense pas qu'on coure pour la gagne, il faut être franc, mais on peut avoir des coureurs qui vont faire de bonnes performances, a jugé Landry. On a des gars qui courent bien sur des courses d'une journée. Ils ont l'habitude de ces distances (189 et 194 kilomètres) et de l'intensité des premières heures de course. Après ça, quand ça va se décanter dans la dernière heure, on verra qui a les meilleures jambes.»

Photo: AFP

Ryder Hesjedal