Dans le cyclisme italien de tradition catholique, Ivan Basso incarne le pécheur repenti à qui les tifosi pardonnent le dopage passé pour mieux célébrer son deuxième Giro à l'âge de 32 ans.

Pour le Varésan, le purgatoire a pris la forme de 18 mois sans compétition, à partir d'avril 2007, une période pendant laquelle il s'est entraîné sous la conduite du préparateur Aldo Sassi, qui conseille aussi le champion du monde, l'Australien Cadel Evans. Avant de reprendre place, profil bas, dans le peloton sous les couleurs de l'équipe Liquigas qui l'avait embauché bien avant la fin de sa suspension.Les aveux voilés de Basso -il a reconnu son implication dans l'affaire Puerto mais sans avouer avoir eu recours au dopage pour gagner le Giro 2006- ont surtout ouvert la voie au deuxième acte pour sa carrière. L'Italien joue la transparence dans son approche, publie les chiffres de ses valeurs sanguines, les précisions sur ses charges d'entraînement.

Au Plan de Corones, mardi dernier, Basso a reçu une accolade chaleureuse de la part de Pat McQuaid, le président de l'Union cycliste internationale (UCI). «Le duel entre Basso et Evans est 100 % propre», a risqué le chef du cyclisme.

Refuge familial

Quand il rappelle les mauvais moments qui ont suivi son exclusion du Tour 2006 dont il était le favori, à la veille du départ de Strasbourg, l'Italien ne manque jamais de citer l'importance du refuge familial. De sa femme Micaela, dont il a l'initiale «M» tatouée sur un doigt. De ses jeunes enfants, Domitilla et Santiago lequel ne voit que par le... foot.

Forçat de l'entraînement, Basso mesure ses gestes et ses paroles. Il cache d'hypothétiques emballements derrière un sourire apaisant, dissimule son naturel anxieux derrière un perfectionnisme de tous les instants, jusque dans l'approche mentale: «Le plus important, a-t-il souligné à plusieurs reprises, c'est que j'aie retrouvé la sérénité».

Le vainqueur du Giro se garde d'alimenter la polémique. Il néglige les piques que lui adressent ses rares détracteurs, tel Gilberto Simoni, adversaire historique qui l'a encore critiqué dernièrement («Basso est un faux, avec son air de prêtre qui prêche le bien et fait le mal»).

Posé, structuré («le vélo m'a calmé, il m'a donné une discipline», explique-t-il), il préfère évoquer son nouveau rôle. Celui d'un coureur qui a redonné au cyclisme italien une légitime fierté.